Platon est le plus respectable des philosophes antiques. Ai-je dit respectable ? J’aurais dû dire respecté… J’ai déjà eu l’occasion de critiquer son mythe de la caverne, qui selon moi relève d’un incompris.

Le logos et le ciel des intelligibles, autres méprises du vieux sage grec. Tout se passe comme si Platon avait reçu un enseignement très ancien, très technique, auquel il n’aurait pas tout pigé. Faute de contexte, sans doute. Platon et le Tarot ? Filiation osée, mais pourquoi pas ?  Oui, d’accord, ce titre sent la provoc… Une fois n’est pas coutume. D’ailleurs l’idée n’est pas de moi. J’en suis jaloux, tellement j’aurais pu l’avoir. J’adore charrier le cher vieux maître qui m’a bien fait suer quand j’usais mes jeans sur les bancs de l’université. Mais là c’est écrit par un autre et découvert par une troisième, ma chère Nef, qu’elle en soit ici remerciée.

Le chariot de l’âme

Parfaitement documenté, de belle présentation, un site web nous explique pourquoi et comment la pensée du philosophe grec se retrouve telle quelle dans les cartes d’un jeu de bistrot inventé et dessiné dix-neuf siècles plus tard. Je ne reproduirai pas ses arguments, lisez-le plutôt. Je me contenterai de reprendre un des exemples qu’il donne, l’arcane VII LE CHARIOT. Cet auteur se sert du Tarot de Nicolas Conver –non pas les images restaurées par Marteau et éditées chez Grimaud, mais la version originale, restaurée par Flornoy. C’est le tarot initiatique le plus connu, bien que, pour ma part, je préfère de beaucoup la version de Jean Dodal. Mais avec les arcanes majeurs de Dodal, le parallèle avec Platon eut été moins convaincant…
En guise d’apéro, voici quelques parallèles que cet auteur a trouvé. Fascinant et troublant. « Pas moins de douze atouts du tarot de Marseille semblent faire allusion à des écrits de Platon. […] Dans le Phèdre, Platon avait comparé l’idée de l’âme à un char tracté par deux chevaux et dirigé par un conducteur. Mais dans l’âme humaine, avait-il ajouté, l’un des animaux est enclin à tirer vers le haut, l’autre vers le bas, ce qui rend bien difficile la tâche du conducteur (source). » Mouais… Sauf que sur l’arcane VII, un cheval tire à droite, l’autre à gauche. N’empêche, ça mérite qu’on s’y attarde.
A ce détail près, nous avons là une parfaite description de l’arcane VII LE CHARIOT du Tarot du maître cartier Nicolas Conver — je précise dans sa version originale ici restaurée  — et non dans la version courante de Georges Marteau : « La carte du Chariot contient tous les éléments constitutifs du char de l’âme de Platon : le véhicule, le conducteur et les deux chevaux antagonistes ; comme si le concepteur de cette image avait cherché à transposer dans la carte la description duphilosophe d’Athènes (source). »  
Et quand le même site détaille ce que l’arcane donne à voir, on ne sait qu’admirer le plus, style et vocabulaire, ou finesse de l’observation : « Des deux chevaux, l’un est bon, mais l’autre ne l’est pas. […] Celui qui est en plus belle condition, qui est de proportions correctes et bien découplé, qui a l’encolure haute, un chanfrein d’une courbe légère, clair de robe et les yeux noirs, […] se laisse mener sans que le cocher le frappe, rien que par les encouragements de celui-ci et à la voix. L’autre, inversement, est mal tourné, massif, charpenté on ne sait comme : l’encolure lourde, la nuque courte ; un masque camard ; sombre de robe et les yeux clairs pas mal injectés de sang ; compagnon de la démesure et de la vantardise ; une toison dans les oreilles, sourd, à peine docile au fouet et aux pointes (source).
J’aime bien le style, j’aime bien le propos, j’aime bien l’expression. Mais ne pensez-vous pas que l’analogie aurait pu tout aussi bien se faire avec n’importe quelle image de chariot ? Justement non, et c’est toute la faiblesse de cette comparaison. Si l’on prend pour modèle le tarot de Jean Dodal, plus récent que le Conver, ou le tarot des Visconti, plus ancien, l’analogie avec le texte de Platon devient plus difficile, voire impossible.

Vertus cardinales

D’autre part, Nef a noté que les vertus cardinales identifiées par Platon dans la République sont aussi présentes dans le Tarot : prudence de l’Hermite, Tempérance, Force (d’âme) et Justice. S’agit-il encore d’un hasard ? Chacun sait qu’il n’existe pas… Les maîtres cartiers étaient éduqués; ils connaissaient Platon; rien n’empêche qu’ils aient voulu rendre hommage au grand philosophe. Mais je n’oublie pas qu’au 18e siècle, quand ces tarots furent dessinés, le philosophe antique à la mode était le grand rival de Platon, Aristote. Alors faut-il voir dans les allusions platoniciennes une façon conservatrice de protester contre les idées jugées farfelues du nouveau venu, Aristote ? La querelle a partagé les escholiers et les érudits pendant des décennies, il n’y aurait rien de surprenant qu’elle ait fait des émules jusque chez les maîtres cartiers. Du moins chez l’un d’eux. Parce qu’on ne retrouve pas la même fidélité platonicienne dans les plus anciens tarots, comme celui des Visconti, ni dans d’autres plus tardifs, comme mon préféré, celui de Jean Dodal, dont je vous parlerai très prochainement. Affaire à suivre donc.
Voilà. Je tenais à vous livrer ces réflexions, car l’analyse du maître cartier Flornoy, que j’ai reprise dans ce site, donne du Chariot une toute autre image

[Source] http://eden-saga.com/tarot-de-platon.html


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Texte partagé par les Chroniques d'Arcturius - Au service de la Nouvelle Terre