Un nouveau message de votre ami, le professeur Zolmirel

Chers amis, bonjour, j’en étais resté dans mon précédent récit, à cette première fois, celle où nous avions pu approcher un splendide vaisseau-lumière !

Cette première fois a été très retentissante sur mon monde. Vous pourriez songer que j’étais le tout premier alien à avoir eu cette chance avec mes compagnons. En réalité, il n’en était rien. Beaucoup d’habitants de ma planète avaient relaté des expériences similaires. Nous étions face à une civilisation bien plus grande que la nôtre, bien plus radiante aussi, et cela ouvrait de très vastes perspectives.

Des informateurs, enthousiasmés par ces avancées, tentèrent de prendre contact avec les vaisseaux amis, mais ils n’obtinrent pas un très grand succès. Les nefs irisées de plus ou moins grande taille, défilèrent cependant devant les cellules optiques de leurs caméras en un joyeux ballet.

Nous étions assez surpris, avec mes compagnons, d’avoir vécu une expérience semblable. Au matin venu, nous nous sommes éveillés avec la sensation très nette d’avoir fait un rêve merveilleux. Mais tout cela était bien réel.

Je ne pouvais effacer de ma mémoire le sourire des êtres de lumière, leurs gestes d’une infinie bonté en nous voyant. Nous sommes des aliens et cela peut rebuter ou effrayer au premier abord. Mais ici, les êtres que nous avions eu face à nous étaient si aimants, si prévenants, que cela nous stupéfiait.

Le sage Amoni, accompagné de Nerti et Zilner, fit son entrée sur le balcon, pour une petite collation matinale. J’étais occupé à disposer des mets sur la table, lorsque plusieurs signaux retentirent dans le laboratoire.

Les appareils d’enregistrement avaient capté un dégagement d’énergie très intense au niveau des temples sur lesquels nous travaillions.

Comme cela était à prévoir, une haute lumière blanche jaillit du sommet des différents édifices.

  • C’est étrange, fit observer le sage Amoni. On dirait que cette énergie vient du sol, du cœur de notre planète.
  • Oui, j’en suis bien persuadé. Pourquoi cela ? demandais-je à mon ami
  • Il se peut que les alignements de planètes engendrent cette possibilité. Les vaisseaux ont agi sur ce point tellurique et notre planète répond, assura t-il

Nous sommes retournés à notre collation. L’aube parait la jungle de beaux éclats rosés, le ciel laiteux était chargé de brumes. Les premiers insectes s’envolaient au soleil levant. Notre lieu de résidence, avec les autres chercheurs, était situé dans un petit paradis vert.

Nous avons reparlé par l’esprit de ce qui s’était passé la veille au soir. Allions-nous retourner au vaisseau comme convenu ?

  • Y allons-nous ? s’enquit Amoni
  • Assurément oui, répliquais-je. Voilà un évènement que je ne manquerai pour rien au monde !

Le petit Zilner regardait la jungle sereinement, absorbé par la beauté des lieux. Nerti, lui, s’amusait à pointer le télescope au sommet des arbres pour guetter l’envol des oiseaux. Il dirigea bientôt l’instrument vers le ciel, observant les vaisseaux colorés avec bonheur.

  • Il y en a tellement ! s’extasia le petit alien. Encore au dessus des plus gros navires, on en voit d’autres, qui sont encore plus haut dans l’atmosphère !
  • Tu as raison, fit le sage Amoni. Mais au dessus du temple, voici qu’il y a un espace, où nul vaisseau n’est visible.  Les experts sont en train d’analyser cette répartition, dit-il en montrant de nombreux professeurs qui déambulaient sur la montagne.
  • Nous allons y retourner !!! Nous y allons maintenant ? s’enquit le petit Nerti avec beaucoup de joie
  • Eh bien oui, si cela est dans le souhait de notre ancienne, répondit Amoni avec un large sourire. Ne disait-elle pas hier qu’elle serait heureuse de voler près des plus gros navires pour faire un petit film ? Cette lacune est après tout idéale.

Nous nous sommes préparés, tout heureux de cette conversation et avons emporté nos instruments. Puis, nous nous sommes dirigés vers le temple. Le bel édifice tout paré de soleil doré, émergeait des brumes. Il était formé d’un ensemble de coupoles, alignées chacune avec les points cardinaux. Au centre, se trouvait la grande salle ovale, flanquée de péristyles, et dont les murs étaient ornés d’œuvres d’art impossibles.

L’une d’entre elles, était par exemple, cette fresque géante baptisée « l’appel des cieux ». Sur cette fresque très vaste, des légions de vaisseaux étaient représentés dans l’espace bleuté. Notre planète venait en contrebas, dans un cocon de marbre vert émeraude. Chaque vaisseau possédait une teinte dorée ou cuivrée, plus rarement rosée ou orangée. Ce qui rendait cette œuvre particulière, était le fait que les colorations aléatoires du marbre étaient incluses dans le même parement. Il s’agissait donc en fait de la même roche, colorée et veinée suivant un moyen inconnu, pour faire jaillir cette œuvre quasi-photographique. C’était indiciblement beau, et absolument impensable.

Nous sommes entrés dans la salle d’offrandes, garnie de statues extrêmement raffinées. Notre ancienne, Erazel, était occupée à inspecter le dallage du sol. Elle nous a souri gentiment, avec un clin d’œil amusé. Il s’agissait d’une experte en archéologie et en réfection d’antiquités, ce qui incluait les vaisseaux spatiaux.

Erazel était une Galmol immensément âgée, plusieurs fois arrière grand-mère et c’était toujours un plaisir que de travailler en sa compagnie. Elle possédait un tempérament énergique et audacieux. Son visage était à peine marqué par les signes de l’âge, à peine quelques rides en plus, elle marchait agilement avec toujours la même souplesse que dans son âge tendre. Lorsqu’elle nous vit, elle devina aussitôt qu’il s’était passé quelque chose. Un récit télépathique était tout indiqué. Nous avons longuement conversé par l’esprit.

  • Que voilà un petit aventurier bien téméraire, conclut-elle en serrant près d’elle le petit Nerti et en l’embrassant.

Le petit alien rit de bonheur.

  • Y allons-nous ? demanda t-il les yeux brillants d’excitation. Au dessus des vaisseaux, il y en a encore d’autres et encore au dessus !
  • Un peu de patience, il nous faut songer à toutes les possibilités, s’amusa t-elle. Il y a peut-être un vortex en cette lacune, qu’il ne faut point troubler. Je vais demander aux autres anciens s’ils ont eu les mêmes perceptions. Je reviens vous voir tout à l’heure.

Nous nous sommes remis à l’ouvrage. Les enfants nous aidant à examiner les différents motifs géométriques sculptés dans la roche. Nerti était chargé de prendre des clichés et Zilner de mesurer chaque salle et de reporter les chiffres sur un schéma.

Il est chose courante sur mon monde de travailler avec des jeunes pour les mettre en valeur. Cela permet ensuite de découvrir leurs aptitudes. Parallèlement à ces tâches qu’ils accomplissent sur le terrain, ils vont étudier d’autres jours en des centres de recherches. L’apprentissage du vol spatial intervient très tôt. Car les très jeunes biologistes sont essentiels à la réussite de nos missions.

Le petit Nerti était un jeune alien assez agité par moments, c’était donc Erazel qui le prenait avec elle certains jours, pour aller dans la jungle récolter des fruits et des plantes rares. Cela avait fait que l’ancêtre s’était étonnamment attachée à lui.

Nous travaillions en collaboration avec d’autres savants qui étudiaient la région et eux étaient ravis de ces récoltes. Cela leur permettait de reconstituer le patrimoine végétal, de voir son évolution au cours du temps.

Peu avant l’heure du soir, Erazel nous adressa un message télépathique. Elle nous attendait sur l’aire d’envol ! Nous nous sommes précipités, le petit Nerti absolument fou de joie.

En arrivant, nous avons assisté à un spectacle incongru. Erazel se tenait près d’un vaisseau antique de petite taille, entièrement fait d’un métal doré inconnu. Le navire brillait intensément et cependant, il semblait en un triste état. La coque était endommagée par des impacts et le métal était bosselé par endroits. Les vitrages comprenaient de multiples éraflures, les dispositifs de protection face au vide spatial étaient absents. La vitre était entourée d’un simple joint, comme cela se fait encore en votre monde.

Lorsque nous nous sommes approchés, notre impression fut pire. De la rouille avait endommagé de nombreuses tubulures. Le vaisseau reposait… sur des roues ! Eh oui ! C’est dire s’il était ancien !

Erazel parut d’une démarche bondissante, ses yeux luisant de bonheur.

  • Erazel… commença Amoni. Puis-je me permettre de vous demander où …où vous avez exhumé cet engin ?
  • Très simple, il se trouvait dans l’une des caves de ce temple ! Un navire expérimental, pour l’époque, à mon avis, assura l’ancêtre d’un air tout joyeux.
  • Cet oiseau peut voler ? demandais-je posément
  • Nous allons très vite le savoir. Je travaille dessus depuis des semaines, dit-elle en montant dans l’esquif avec vivacité, par une trappe située sur le dessous.

Nous sommes montés à notre tour.

L’intérieur du vaisseau semblait confortable et propre, les sièges étaient rouges et les parements brun clair. Une pièce servant de soute était placée à côté des moteurs, comme cela se faisait en les temps anciens.

  • Quels beaux réacteurs, n’est ce pas ? s’extasia Erazel en nous faisant visiter la pièce et en montrant une machinerie antique bien trop rouillée à notre goût.
  • J’ai bien peur qu’il ne puisse plus voler, exposa Amoni avec prévenance d’un ton empli de tact. Peut-être lui faudra t-il … un peu d’aide ? suggéra t-il d’un air amusé

Erazel rit simplement. Elle désigna une petite foule rassemblée près de l’aire d’envol.

  • Eux pensent comme vous, dit-elle en montrant des aliens dont le visage ne semblait pas très rassuré. Voilà pourquoi j’ai besoin de vous en ce jour.
  • C’est d’accord, répondit Amoni. Ce sera quoi qu’il en soit amusant !

Et nous nous sommes tous attachés dans un siège. Les sièges étaient si grands que Nerti et Zilner tenaient dans un seul d’entre eux, le petit Nerti tout près de la fenêtre.

  • Etes-vous parés ? a demandé Erazel
  • Absolument, fit Amoni

Erazel activa les réacteurs. Ceux-ci émirent un bruit de ferraille tressautante. La petite assemblée filmant notre exploit battit prudemment en retraite. Un prêtre était là, qui prononça des formules de protection sur notre petit vaisseau avec une rapidité dictée par la crainte. Le prêtre fila prestement rejoindre l’équipe d’informateurs et d’archéologues expérimentaux.

Erazel fit un signe rassurant aux aliens restés au sol et abaissa une manette. Les réacteurs protestèrent quelque peu, puis retrouvèrent plus de fluidité. Le vrombissement se fit plus net. Le navire fonctionnait à l’hydrogène et une projection commune nous révélait qu’il n’y avait  pas de danger pour nos vies, mais que la mécanique de l’engin était fatiguée. Le risque de panne intervenait donc.

  • Où se trouve le générateur antigravité ? s’enquit le sage Amoni
  • Il n’y en a pas. Nous devons d’abord tester la vélocité de l’engin en vol pour connaître sa capacité de portance. La soufflerie n’a pas permis de la déterminer, expliqua Erazel Ensuite, les experts pourront ajouter un dispositif de sustentation magnétique.
  • Je vois, répondit le sage

Le petit vaisseau se mit à vibrer, puis à avancer, de plus en plus vite. Il roulait sur la piste et les cahots nous incommodèrent. Nous n’étions en vérité jamais montés dans un véhicule roulant avant ce jour.

Un autre cahot, plus vif que les autres, secoua rudement la structure qui craqua. Amoni étendit la main et le vaisseau se souleva du sol.

  • Merci, fit Erazel

Il prit plus d’élan et fusa vers le ciel avec peine, en une trajectoire oblique nettement moins ascendante qu’un navire à sustentation magnétique. Ensuite, le vent nous déstabilisa. Mon aide et celle d’Amoni fut précieuse pour permettre à Erazel de diriger le vaisseau.

Malgré toutes ces secousses, Nerti rayonnait de bonheur.

  • Plus haut dit-il. Plus haut ! Nous approchons ! s’extasia t-il en montrant les vaisseaux colorés brillants, loin au dessus de nous.

Toujours très craintif, le pauvre Zilner se cachait sous le manteau du sage Amoni qui peinait à le rassurer.

  • Il n’y a pas de vortex, expliqua Erazel, mais ne sait-on jamais ? Comme ce n’est pas un vaisseau magnétique, il est idéal pour cette mission. (un vaisseau magnétique pris dans un vortex est pratiquement incontrôlable)

L’œil rivé à la fenêtre, et malgré les vibrations, Nerti commença à filmer les vaisseaux-lumière. Nous sommes parvenus à hauteur d’un très vaste cylindre orangé.

Il y eut soudain une poussée ascendante très vive. Notre antique navire se stabilisa d’inexplicable manière. Nous sommes passés tout près d’un très bel esquif en forme de corolle bleutée toute parée de lueurs d’or. Près de celui-ci un navire blanc argent jetait des lueurs rosées superbes. Chaque vaisseau lumière possédait de multiples baies vitrées très lumineuses révélant son intérieur splendide. Des êtres de lumière avenants nous faisaient parfois des signes de la main. A chaque fois que nous approchions d’un géant, son éclat tremblait un peu puis se stabilisait. Nous avons compris que c’étaient eux alors qui nous propulsaient de plus en plus haut pour garantir notre sécurité.

Nous étions maintenant très hauts et une mer fascinante de vaisseaux arc en ciel se déployait sous notre position, parant les terres émeraude de multiples éclats brillants. Il y en avait des milliers et des milliers ! C’était un spectacle à couper le souffle et nous en avons versé des larmes de joie.

Il se mit bientôt à faire très froid dans la petite cabine emplie de courants d’air de l’antique avion des premiers temps. Notre trajectoire cessa alors de monter. Le petit vaisseau redescendit aussitôt en une sorte de spirale agréable.

Nous sommes entrés dans un nuage et alors, les réacteurs se sont éteints.

Erazel ne manifesta aucun signe particulier d’appréhension. Elle était si habile au pilotage qu’elle pouvait poser le petit vaisseau rien qu’en vol plané.

  • La propulsion s’est arrêtée ! lança le petit Nerti précipitamment
  • Ce n’est rien mon chéri, répondit Amoni. Ce vaisseau est pourvu d’ailes qui lui permettent de se poser sans risques. Et nous sommes entre d’excellentes mains.
  • Cela risque juste de secouer un peu, exposa Erazel

Le vaisseau descendit de plus en plus, et Erazel releva l’avant de l’appareil avec une très grande virtuosité. Le frêle avion rebondit sur le sol, une première fois, puis une deuxième fois. Il y eut un craquement sinistre. Il fut brutalement déporté vers la droite. Alors, avec Amoni, nous avons fait agir notre fluide. Le vaisseau endommagé, se souleva aussitôt du sol et retrouva son inclinaison, il perdit de la vitesse, et décéléra, jusqu’à heurter en douceur la meule de foin prévue à cet effet.

Nous sommes descendus l’un après l’autre, un peu secoués. Les ailes de cet esquif antique étaient inclinées de travers. Nous avons réalisé qu’un train d’atterrissage s’était brisé.

Un concert d’acclamations nous salua.

  • Félicitations professeur ! s’extasia un alien minuscule. Très brillante reconstitution ! dit-il en félicitant Erazel
  • De rien, merci, je n’aurai pu le faire sans eux, dit l’ancêtre en nous désignant. Elle fit agir son fluide et le vaisseau endommagé s’éleva avec grâce vers une plate forme de transport.
  • Vous auriez très bien pu, constata Amoni
  • Non mon ami, piloter et déployer des ondes antigravité sont deux choses distinctes que je ne parviens pas à faire ensemble. Mille félicitations à vous pour avoir accepté courageusement cette petite escapade ! Vos talents sont magnifiquement à propos.
  • C’était très amusant, assurais-je
  • Nous aurons besoin d’enfants pour restaurer ce navire, fit Erazel en adressant un clin d’œil à Nerti et Zilner. Et vous êtes d’ores et déjà invités, pour le test suivant, une fois que le générateur neuf aura été installé bien sûr.
  • Les données télémétriques ont toutes été enregistrées, fit un Kolal de haute taille avec satisfaction.
  • Nous allons commencer la fabrication d’un générateur sur mesure pour équiper ce vaisseau, lança un petit Ilstirr avec un vif contentement
  • Et nous serons bien sûr ravis d’œuvrer à la réfection de la structure, dit une dame Galmol très âgée experte en mécanismes. Il y a beaucoup de courants d’air en vol !
  • Merci à tous, dit Erazel d’une voix très joyeuse. Après autant d’émotions, venez donc vous restaurer.

Et elle se dirigea vers une petite tonnelle toute garnie de feuillages, où des tables vides la seconde d’avant se couvrirent de mets absolument délicieux.

  • Madame, dit un alien expert en ingénierie de vol, vous repoussez chaque jour les limites de l’impossible.
  • C’est notre capacité à croire, qui engendre cela mon ami.

Chacun se servit en pâtisseries et je dois dire que nous avons passé là un moment très agréable.

Bientôt, la lueur des premières étoiles se dessina au dessus de la lacune du grand temple exempte de vaisseaux. Une pensée amicale effleura mon esprit.

Je regardais Amoni, et je vis que mon ami avait ressenti la même chose que moi. Nous avons salué tout le monde et nous sommes dirigés vers la jungle.

Erazel nous souhaita bonne chance et nous adressa un regard de connivence absolue, empli de cette lueur de sagesse admirable des êtres qui ont tout vu.

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Texte partagé par les Chroniques d'Arcturius - Au service de la Nouvelle Terre