© Chris Huby / Le Pictorium

L’offensive militaire turque déclenchée le 9 octobre dernier contre les Kurdes syriens a provoqué la fuite de 130 000 personnes et plusieurs dizaines de victimes parmi les civils et les combattants. Nation sans véritable État, les Kurdes, entre 25 et 45 millions de personnes selon les estimations, forment le plus grand peuple apatride au monde.


On sait peu de choses des Kurdes avant que les historiens et voyageurs arabes ne commencent à évoquer clairement ce peuple, au départ très réticent à embrasser l’islam. Les Kurdes descendent des Mèdes, peuple indo-européen de la branche perse, qui fondèrent un vaste empire au VIIe siècle avant notre ère. Au XVIe siècle, l’Empire ottoman et la Perse se disputent les faveurs des montagnards kurdes, qui se rallient au premier. En contrepartie de la surveillance de la frontière, ils obtiennent une autonomie relative jusqu’au XIXe siècle.

Aujourd’hui, les Kurdes sont écartelés entre quatre pays : la Turquie, l’Iran, l’Irak et la Syrie. Gagnés par l’islamisation, les Kurdes refusent néanmoins toute forme d’arabisation. Ils conservent leur langue, leurs coutumes et se différencient jusque dans l’école de jurisprudence islamique qu’ils adoptent, le chaféisme, contrairement aux pays voisins qui préfèrent le hanafisme, réputé plus souple. La grande majorité des Kurdes (80 %) est musulmane sunnite. C’est néanmoins un sunnisme relativement hétérodoxe, moins conformiste et empruntant à différentes confréries soufies, qui se développe dans la région. Le reste des Kurdes de confession musulmane se partagent entre le chiisme et l’alévisme, une dissidence du chiisme encore très vivante en Turquie.

750 000 yézidis

La situation des Kurdes d’Iran est particulièrement atypique : étant, aux deux tiers, sunnites, ils constituent une double minorité, ethnique et religieuse, d’où leur persécution par le régime. Une autre partie des Kurdes, au contraire, se rattache au christianisme. Ces Kurdes chrétiens se divisent entre catholiques, assyriens, chaldéens et syriaques. Environ 150 000 chrétiens vivraient dans le Kurdistan irakien. Certains Kurdes se réclament pour leur part du yézidisme, religion dérivée du zoroastrisme. Il y en aurait environ 500 000 au Kurdistan irakien, 150 000 en Syrie et 100 000 en Turquie. Une petite communauté de Kurdes shabak (adeptes d’un syncrétisme dérivé du chiisme et du yézidisme) vit par ailleurs dans le nord de l’Irak (60 000 personnes). Enfin, les Kurdes comptaient une petite communauté juive de 25 000 personnes, qui a cependant quitté le territoire en 1949-1951 pour se rendre en Israël. Ainsi, ce n’est pas la religion qui unifie la communauté kurde, mais la langue.


1920

Peu après la Première Guerre mondiale, les Alliés souhaitent redessiner les frontières d’un Empire ottoman affaibli. Arméniens, Arabes, Assyriens et Kurdes se voient donc promettre des États indépendants, inscrits dans un accord très défavorable aux Turcs. Le traité de Sèvres, signé en 1920, indique qu’un territoire autonome est réservé aux Kurdes dans le sud-est de l’Anatolie, ce qui constitue une forme de reconnaissance de la part de la communauté internationale. En 1923, un nouvel accord (le traité de Lausanne) viendra finalement annuler cette promesse, laissant les Kurdes divisés sur quatre pays. Entre 1925 et 1931, plusieurs révoltes menées par des chefs soufis en Turquie et en Iran sont durement réprimées, au point que le gouvernement turc interdit les confréries soufies durant des mois. En Turquie, en Syrie et en Iran, la langue kurde est ponctuellement proscrite au nom des nationalismes. Ces mesures ne font que renforcer le patriotisme kurde.


Saladin

Salah al-Din al-Ayyoubi (1138-1193), grand héros musulman connu pour avoir reconquis Jérusalem aux mains des croisés, est d’origine kurde. Il s’illustre tout d’abord lors d’une intervention en Égypte, alors dominée par le califat chiite de la dynastie fatimide et que les croisés convoitent. Après ce succès militaire en 1169 et la mort de son oncle la même année, Saladin devient vizir de la région où il impose définitivement le sunnisme. À la tête d’une armée composée essentiellement de guerriers kurdes, il poursuit ses conquêtes et reprend Tripoli aux Normands, s’empare de la Syrie et envoie son frère conquérir le Yémen. Lorsque les croisés violent une trêve établie en 1186, le redoutable guerrier fait le siège de Jérusalem. À sa mort en 1193, le royaume est immense. Saladin deviendra une figure de proue des nationalistes arabes au XIXe siècle. L’aigle, emblème du guerrier, figure aujourd’hui sur le drapeau égyptien.


Kurdistan

Bien que les Kurdes n’aient jamais disposé d’un gouvernement central, l’idée d’un territoire unifié par la culture et la langue kurde remonte au Xe siècle. Vers 1150, le sultan Ahmad Sandjar crée une province appelée « Kurdistan », littéralement « Pays des Kurdes », divisée entre diverses principautés qui ne sont jamais parvenues à s’entendre. Depuis la chute de l’Empire ottoman, en 1923, seuls les Kurdes d’Irak sont parvenus à obtenir une quasi-indépendance entre 1991 et 2003. Grâce à un statut fédéral reçu après la chute de Saddam Hussein, ils disposent d’une importante force armée : les peshmergas, qui luttent aujourd’hui activement contre Daech en Irak. En mars 2016, les Kurdes de Syrie ont proclamé leur autonomie dans une région située au nord du pays.

[Source:]http://www.lemondedesreligions.fr/


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Texte partagé par les Chroniques d'Arcturius - Au service de la Nouvelle Terre