Pierre est le disciple sur le lequel le Christ a bâti son Eglise. On se souvient du passage de l’Evangile :

« et il demandait à ses disciples : « Le Fils de l’homme, qui est-il, d’après ce que disent les hommes ? ». Ils répondirent : « Pour les uns, il est Jean Baptiste ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres encore, Jérémie ou l’un des prophètes. ». Jésus leur dit : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? ». Prenant la parole, Simon-Pierre déclara : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ! »  Prenant la parole à son tour, Jésus lui déclara : « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. » (Matt 16 ; 13 – 20)

Ce passage signifie que l’Eglise, au sens mystique du terme, c’est-à-dire en tant que corps divo-humain est fondée sur la foi que Jésus est Dieu fait Homme… On remarque d’emblée que c’est tout ! Pour être l’Eglise de Pierre, pas de filiation sacerdotale mentionnée… « Simplement » croire que Jésus est Dieu. Ou pour le dire autrement que Dieu aime tellement l’humanité qu’Il s’est fait Homme pour se mettre à notre niveau limité et dans ce niveau volontairement limité, Il a vaincu la mort et ouvert la voie… Ouvert la voie vers quoi ? Ce n’est pas Pierre qui le découvre mais Marie de Magdala (Ha la place de la femme dans l’Eglise, tragédie des tragédies). Après que les femmes ont constaté la Résurrection, Jean, le disciple préféré du Christ, et Pierre courent voir.  Mais ce n’est pas Pierre qui découvre la cinglante vérité, c’est bien Jean :

« Le dimanche, Marie de Magdala se rendit au tombeau de bon matin, alors qu’il faisait encore sombre, et elle vit que la pierre avait été enlevée [de l’entrée] du tombeau. Elle courut trouver Simon Pierre et l’autre disciple que Jésus aimait et leur dit: «Ils ont enlevé le Seigneur du tombeau et nous ne savons pas où ils l’ont mis.» Pierre et l’autre disciple sortirent donc et allèrent au tombeau. Ils couraient tous les deux ensemble, mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau. Il se pencha et vit les bandelettes posées par terre, cependant il n’entra pas. Simon Pierre, qui le suivait, arriva et entra dans le tombeau. Il vit les bandelettes posées par terre; le linge qu’on avait mis sur la tête de Jésus n’était pas avec les bandes, mais enroulé dans un endroit à part. Alors l’autre disciple, qui était arrivé le premier au tombeau, entra aussi, il vit et il crut.  En effet, ils n’avaient pas encore compris que, d’après l’Ecriture, Jésus devait ressusciter. » (Jean 1 ; 9).

Comment l’interpréter, que ressort-il de ce récit. Tout d’abord que Pierre (et donc ses successeurs, les Eglises institutionnelles) ne sont pas les premiers à découvrir la vérité. Ils ne sont pas les premiers à porter l’intuition mystique et prophétique, les femmes le pressentent (et il faudrait se demander ce qui est symbolisé par ces femmes à un niveau plus profond et ce que cela implique au niveau du rôle des femmes dans l’Eglise) et Jean.

Jean est traditionnellement l’auteur de l’Evangile qui porte son nom et de l’Apocalypse (qu’il ne le soit pas à un niveau historique ne change rien à la signification symbolique). Jean le mystique, Jean le visionnaire, Jean le prophète,  Jean le gardien de la gnose, de la connaissance numineuse des secrets intérieurs. Secrets intérieurs ? Bien sûr. Ceux qui font que l’Homme passe de l’image à la ressemblance avec Dieu, connaissance (gnose) réelle et non gnose dualiste au nom mensonger.

Le secret de la déification de l’être qui transforme l’homme en Dieu (puisque Dieu s’est fait homme pour que l’homme se fasse dieu), est l’essence même du christianisme, son cœur battant, ce qui lui donne son consistance, sa véracité et sa légitimité. Or, malheureusement, ce cœur théosophique et mystique s’est peu à peu séparé de son organisme dans un processus d’expatriation aux conséquences désastreuses.

Certains se sont mis à croire qu’on pouvait vivre le cœur de Jean sans le corps de Pierre. Et ce fut la prolifération des groupes pensant pouvoir vivre la « doctrine intérieure » sans la « doctrine extérieure ». Ils ne comprenaient pas que l’un ne va pas sans l’autre, que les deux sont liés, qu’il s’agit en réalité d’une seule et même doctrine à des niveaux de profondeur différent. Et c’est ainsi que l’ésotérisme occidental alla puiser dans les philosophies asiatiques, ramenant des concepts bouddhistes ou hindouistes mal digéré, les greffant sur un reliquat chrétien sans plus de sens aucun. La doctrine intérieure livrée à elle-même, mélangée à des concepts qui lui était étrangers finis par se transformer parfois en poison, et c’est ainsi que naquirent certaines sectes new-age, devenu peu ou prou des entreprises d’arnaques et de folie pure, professant des doctrines déracinées de toute terre.

De l’autre côté, l’institution de Pierre, en réaction presque mécanique, se mit à rejeter ce qui pourtant lui appartenait de droit. Et oubliant le chemin de son cœur, elle devint peu à peu un cadavre rigidifié, une morale bien-pensante pour fidèles soumis et castrés, une entreprise coupant à la hache les ailes des anges et des hommes. Privé de sa créativité, de son appel à l’exploration de l’infini, de la conscience de la dignité et de la grandeur majestueuse de l’âme et de l’esprit humain, l’Eglise devint peu à peu une coquille vide, au mieux une association caritative, au pire un promoteur de mystique doloriste ou un repère de frustrés et de pervers se livrant à tous les abus.

Dans le récit, Jean ne passe pas devant Pierre, il ne le quitte pas non plus. Jean reste avec Pierre, lui montre la voie, sans prétention aucune. Jean agit en véritable chrétien, non en s’écrasant, non en se taisant mais en rayonnant, en étant le sel du monde. Que ceux qui s’intéressent légitimement aux mystères divins qui résident dans l’Homme, renouent avec la doctrine chrétienne seule capable de leur faire vivre et comprendre ces mystères dans toute leur profondeur. Alors seulement, peu à peu, l’ésotérisme pourra réintégrer son corps d’origine, alors seulement peu à peu, le corps moribond pourra se réapproprier ce qui lui donne la vie et le christianisme pourra renaître de ses cendres.

[Source] http://carnetsduhautroyaume.com/


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Texte partagé par les Chroniques d'Arcturius - Au service de la Nouvelle Terre