Voici une belle présentation visuelle d’un laboratoire alchimique (rasa-mandapa), avec ses instruments, selon la tradition du Mercure, le Tantra alchimique :

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Le laboratoire alchimique (rasa-shâlâ) est bâti comme un mandala, avec un linga de Rasa-Bhairava et un yoni au centre, et les différents ateliers et instruments (yantra) sur les côtés.

Source

L’un des principaux tantras de la voie des Maîtres du Mercure (rasa-îshvara) est l’Océan mercuriel (Rasa-ârnava-tantra), dont voici le début :

« Tout est en lui.
Tout vient de lui.
Il est tout, partout.
Tout est fait de lui,
Toujours.
Hommage au Soi
De tout et de tous !
 
Dans un agréable jardin
A la cime du mont de cristal,
Orné de myriades de joyaux,
Traversé de lianes et d’arbres variés,
Vierge de tout défaut caché,
Le Dieu des dieux trônait à son aise,
La gorge teintée de bleu sombre,
Le visage paré de ses trois yeux.
La Déesse, fille de la montagne,
Se prosterna en touchant de son front
(Les pieds de Dieu).
 
La sublime Déesse demanda :
 
Dieu des dieux !
Dieu qui enveloppe toute divinité !
Toi qui consume le corps
D’Éros et de Thanatos !
Par ta grâce, j’ai entendu avec attention
Tout ce qui est enseigné
Dans les traditions du Kula, du Kaula,
Du Kaula intégral,
Du Kula des Parfaits et du
(Kula des Yoginis).
 
Si tu désire me prendre auprès de toi,
Si je te suis chère,
Ô maître !
Alors je suis bien digne
Que tu me révèle
Cette liberté en cette vie même
Qui est suggérée dans tous les tantras,
Et qui pourtant n’y est pas
Mise en pleine lumière….
 
Le sublime Dieu, le Bhairava, répondit :
 
Bien ! Excellent, ô toi
Qui possède cette fortune qui contient et surpasse toutes les autres !
Excellent, ô joie des montagnes !
Ta question est excellente, ô Déesse !
Tu l’a posée pour le bien des amoureux.
 
La sublime Déesse demanda :
 
Dieu des dieux !
J’ai entendu cette définition
De la liberté incarnée.
Si tu as de la compassion pour moi,
Révèle-moi le moyen de l’atteindre !
 
Dieu répondit :
 
Maîtresse des dieux !
C’est par l’Œuvre que l’on
Parvient à conserver le corps.
On considère que l’Œuvre est double :
A la fois mercure et souffle vital.
Cristallisés, le mercure et le souffle vital
Guérissent les maladies.
Morts, ils ressuscitent.
Maîtrisés, ils procurent le pouvoir
De voler dans l’espace,
Ô Bhairavî !
 
Souveraine des dieux !
La liberté naît de la connaissance,
La connaissance naît de la conservation du souffle.
Alors, ô Déesse, le corps se conserve.
Et quand il se conserve, ô Déesse,
Le mercure puissant
Engendre sans délai
Un corps sans vieillesse ni mort,
Et aussi une vision spirituelle claire,
Grâce à l’application du mercure.
Ô Déesse, vraiment,
On obtient la connaissance théorique
Puis la connaissance (qui libère).
Les mantras de celui qui
Goûte le mercure neutralisé
Deviennent efficace.
 
Mais tant que l’on n’a pas reçu la grâce,
On ne se libérera point des liens.
Comment, (sans la grâce),
Comprendrait-on ?
Quand le mercure est neutralisé,
On devient le maître.
Pour ceux qui sont avides d’alcool et de viande,
Plongé dans l’adoration du vagin et du phallus,
Et dont l’intellect est, par conséquent, réduit à néant,
La connaissance du mercure est
(Certes) bien difficile à atteindre !
 
(D’un autre côté),
Ceux qui s’attachent aux six doctrines,
Privés de l’enseignement du Kula,
Ne réalisent pas non plus le mercure,
Ô Déesse :
Ils s’abreuvent à un mirage !
Mais celui qui mange de la viande de vache
Et l’immortelle liqueur,
Celui-là est un membre de la divine Famille, le Kula,
Que je respecte.
Les autres (prétendus) experts en mercure
Sont inférieurs.
 
Dans la transmission traditionnelle,
Il n’y a qu’une vérité :
Celle du travail du mercure.
C’est par lui qu’on atteint la réalisation.
Pas de réalisation sans mercure.
Tant que l’on n’ingère point
La semence de Dieu,
Le fluide vital qui procure la transcendance,
D’où viendrait la liberté ?
D’où viendrait la conservation du corps ?
Les « sages » qui affirment que la sagesse
Consiste à s’adonner
A l’alcool et à la viande
Sont égarés par le pouvoir magique
De Dieu.
Ils divaguent quand ils disent :
« Nous sommes délivrés,
Nous nous en allons vers
Le sanctuaire de Dieu ».
Ils ne se préoccupent pas
De la conservation de leur corps,
Ces imbéciles !
Parce que leur connaissance
Est chaotique, ô Maîtresse des dieux,
Ils sont conditionnés par les êtres et les choses.
 
Atteindre en ce corps même
Le pouvoir de voler dans l’espace,
C’est être Dieu.
C’est à cette connaissance mercurielle
Que tu dois chaque jour t’exercer,
Ma bien-aimée ! »
L’alchimie tantrique est celle de la tradition du Kula, du Clan, de la Famille divine, transmise par les Parfaits et les Yoginis depuis des temps sans commencement.

On me demandera : Quel rapport avec le « shivaïsme du Cachemire » ?

Eh bien, tout simplement, il existe dans le Trika, la branche du Kula dont relève ledit shivaïsme, une voie alchimique, une voie mercurielle dont l’adage est « Dans le corps, comme dans le métal ».

Son but est la liberté dans un corps immortel, à travers une « oeuvre en deux parties » : dans le métal et dans le corps. Le métal crucial est le mercure, semence de Dieu tombée dans la matière. Mélangé à ses scories, il n’atteint pas sa perfection, celle de l’or. De même, le sperme est la semence de Dieu dans le temple de la chair. Mais, emprisonné dans les scories du sang, sa véritable nature demeure cachée. De même, le mercure insaisissable, le vif-argent, est le mental qui, une fois préparé par l’Oeuvre, devient capable de transmuter le monde en paradis.

Le lieu de l’oeuvre mercurielle est le Pavillion du mercure, temple au centre duquel se trouve un emblème de mercure, au centre d’un mandala, entouré d’un triangle dont les trois angles sont les trois déesses du Trika. Cet emblème ou linga, ou encore « colonne de semence mercurielle » est le Seigneur du mercure, qui jaillit des tréfonds de la terre, attiré par l’Enchanteresse du mercure (Rasânkoushî Bhairavî), écho d’une très ancienne fable de la mémoire humaine.

Au quatre coins du labo (action, kriyâ shakti) en forme d’oratoire (contemplation, jnâna shakti), lieu de l’union, se trouvent les instruments et ingrédients de l’Oeuvre, répartis selon les éléments. On commence face à l’est et l’on finit au nord. L’adepte parcoure ainsi les dix-huit opérations : huit pour la spagyrie, huit pour le Grand Oeuvre, une pour transmuter le métal, et une, enfin, pour transmuter la chair.

Toute ce travail s’accomplit dans l’amour divin (bhakti). Le tantra du shivaïsme non-duel que je paraphrase ici, le Tantra de l’Océan mercuriel (Rasârnava, vers le Xe siècle), souligne que rien n’est possible sans dévotion.
De même, il faut à la fois un maître – des conseils oraux – et des textes.
Il faut aussi être dévoué à la tradition du Kula, avec ses symboles, ses mantras et ses mandalas.
Il faut une initiation, sachant toutefois que l’initiation du Kula est toujours une transmutation (vedha), et que l’Oeuvre elle-même fait ici office d’initiation. Elle en est, du moins, l’essence vitale.
Enfin, il faut à l’adepte une partenaire. Car, selon l’alchimie tantrique, l’adepte ne pourra ingérer le mercure si son corps n’a pas été préparé – à l’instar du mercure lui-même – par le yoga de l’union sacrée.
Cette voie insiste sur l’importance de l’expérience directe, et critique les autres voies pour leurs bavardages invérifiables.

Le yoga est une alchimie interne.
L’alchimie est un yoga externe.

Ils sont inséparables, « comme les deux ailes d’un oiseau ».


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Texte partagé par les Chroniques d'Arcturius - Au service de la Nouvelle Terre