Message du Guérisseur Lestrys
C’est de nouveau votre ami, le guérisseur Lestrys. Je viens pour dicter la suite de ce merveilleux voyage.
Nous venions avec mon ami Eratsu, et le petit Stency, ainsi qu’un petit gris très jeune, Lokhaïl, de rencontrer cinq compagnons, vous en souvenez-vous ?
C’est notre charmant petit mécanicien Lokhaïl, qui a permis de remiser un véhicule antique assez poussiéreux, avec quatre amis, tout en le pilotant parfaitement.
Stency était tout heureux, il gambadait dans les belles cavernes de pierre dorée. Le véhicule minier a permis bien sûr de transporter Giorgio qui était blessé à la jambe. Laiev, le second Terrien était un homme vraiment très agréable.
Nous nous sentions de plus en plus appelés, voire happés, dans un univers splendide que nous commencions tout juste à entrevoir.
Nos trois amis aliens, étaient très différents. Il y avait le premier Panresu quelque peu hâbleur et fort autoritaire, puis venait Mellkit, son Grand Conseiller, un valet au tempérament bien plus serein, ainsi que notre ami le valet Issaltir, lequel s’est montré très bon avec les enfants.
Nous avons encore fait la rencontre d’un petit groupe composé cette fois d’une ravissante alien, d’un premier fort âgé, d’un clone adulte et de trois enfants. Nous étions à présent un groupe de seize compagnons, cela nous enchantait et nous enhardissait à nous avancer toujours plus loin dans ces galeries.
Nous marchions à présent en un lieu ponctué de fumerolles, de zones d’eau brûlante, qu’il nous fallait franchir avec précautions. Sans la présence du véhicule, nous n’y serions parvenus qu’avec de grandes difficultés. Seuls quelques uns d’entre nous maîtrisaient une certaine forme d’antigravité. Ces lieux étaient suffocants, nous nous en sommes éloignés bien vite. Hélas, nous n’étions pas au bout de nos peines. Juste à l’entrée d’une nouvelle galerie faiblement éclairée, le générateur à répulsion magnétique de la petite plateforme tomba en panne. Le pauvre Lokhaïl s’acharna pour remédier à cela, mais nous ne pouvions trop attendre.
- Je sens une menace… qui se rapproche, précisa Eratsu, et cela n’est pas bon signe.
Incapable de découvrir ce qui n’allait pas, le petit alien fondit en larmes. C’était encore un enfant très jeune, toujours désireux de nous aider de son mieux. Je le berçais et le rassurais.
- Tu vas trouver, et cela est pour bientôt. Peut-être est-ce la température qui incommode ainsi cet engin ? Tu as déjà accompli tellement.
- Vous avez parfaitement raison, renchérit Panresu, allons-nous en de ce lieu. Cet engin peut rouler, il me semble ? Alors allons-y.
Lokhaïl mit un peu de temps pour comprendre les commandes, finalement, il démarra la chenille, qui avança docilement. Cela était plus lent, mais bien préférable au fait de devoir attendre. Complètement oublieux de cette affaire, le sage alien à moitié absent, qui nous accompagnait était profondément endormi. Il s’éveilla tout soudain alors que nous étions à une bifurcation, face à un couloir aux parois rouge foncé, et un autre plus clair, jaune pâle.
- Attention petit, pas par là, dit-il en montrant la galerie rouge sombre brillante
- Et qu’en savez-vous donc, je vous prie ? interrogea Panresu d’un air impérieux
- Cela est un chemin bien périlleux, mon jeune ami, je le vois simplement, exposa le sage avec un large sourire
Panresu était tout déconfit de se voir considérer comme un jeune par cet alien d’âge vénérable. Il faillit répliquer vertement, mais mon ami Eratsu parla à ce moment.
- Je suis du même avis, il convient de prendre la voie de droite
- Et pourquoi cela ? s’enquit Panresu. Me ferez-vous part de ces mystères ?
- Effectuez-donc une projection, mon cher, ajouta Mellkit d’une voix assurée. La voie de gauche ne permet pas d’arriver indemne de l’autre côté. La seule option est la voie de droite.
- Et vous voyez, tout comme moi, je le suppose, sur quoi débouche le tunnel de droite ?
- Il nous faut croire notre ami, exposais-je.
- Un ami ? Il n’a même pas pu dire son nom ! siffla Panresu
Cette tirade fut interrompue par de vives protestations. La dame alien s’était dressée et elle n’appréciait guère ces paroles.
- Ne vous querellez point mes enfants, dit le sage. En avant, sinon nous ne pourrons plus passer.
Lokhaïl mit aussitôt le véhicule en route. Nous suivions, tant bien que mal, bondissant au-dessus de blocs de rochers, quelque peu inquiets de songer à ce qui se profilait devant nous, mais nous n’avions pas le choix.
La chaleur s’éleva, se fit brûlante, jusqu’à dessécher nos voies respiratoires. Nous étions très inquiets à présent. A un moment donné, le premier Panresu s’écroula. Son Grand conseiller Mellkit, d’habitude bien prompt à le contredire, se précipita pour le porter. Eratsu, toujours d’une grande vigueur malgré ce lieu extrême, aida Issaltir, ainsi que moi-même, car la chaleur nous faisait chanceler.
Des fumées s’élevèrent et nous ne pouvions voir fort loin devant nous. Nous entendions les cris des enfants, à bord de la plateforme, et cela nous effrayait. Ces cris nous ont redonné tout notre courage, nous avons marché avec plus de détermination. Et nous avons vu ce que nous craignions.
Une coulée de lave bloquait notre avancée. Il s’agissait de cette variété de lave, qui se déplace lentement et parvient à sécher relativement vite. Je dis relativement, car il faut bien deux jours pour simplement oser mettre le pied dessus. Le seul souci était que toujours plus de lave venait de la gauche, se superposant à la zone que nous avions un petit espoir de voir sécher.
La chenille était bloquée. Les enfants étaient terrifiés. Giorgio et Laiev, enveloppés sous des tissus, aidaient les enfants à se couvrir, afin de les protéger de la réverbération. Il se passa cependant quelque chose d’étrange. Le véhicule s’éleva avec grâce et franchit la coulée en quelques secondes.
C’était tout simplement stupéfiant. Nous peinions à croire en un tel prodige. Notre petit protégé avait-il réparé à lui tout seul la propulsion du véhicule ?
Au bout d’à peine une minute, le véhicule revint se positionner devant nous. Juste à temps, car nous pouvions à peine respirer, nous sentions nos esprits s’engourdir en un demi-sommeil très dangereux.
Je saisis une petite main ridée et montais à bord. Nous nous sommes élevés en une partie plus fraiche de la grotte. Nous avons franchi l’inquiétante coulée, immense cascade de lave qui grossissait en grondant. Ragaillardi par un doux courant d’air, j’ouvrais les yeux et vis le sage me sourire d’un air complice.
- Très agréable cette petite excursion ! s’amusa t-il avec un rire d’enfant
- Mon ami, est-ce vous qui êtes à l’origine de ce prodige ? demandais-je
- Bien sûr, répliqua le premier vénérable. Je n’allais pas rester endormi pendant que vous risquez vos vies ! Je suis le premier Darsimen, enchanté de vous connaître.
- Très heureux Darsimen. Nous vous sommes redevables, fit Eratsu
- Ne vous en faites pas. Cela est un plaisir. Je suis philosophe, écrivain et j’œuvre à la réfection des moteurs. Cela dit, cet engin me semble altéré…
Chacun se présenta alors. Darsimen déposa notre petite assemblée en un lieu sécurisant, près d’une vive cascade qui ranima notre énergie. Puis, il tomba en un profond sommeil.
- Cela est toujours ainsi, fit la charmante alien qui l’accompagnait.
- Cela est bien étrange. Est-ce donc lui qui a pourvu à l’élévation de cet engin et de nos poids durant autant de temps ? m’étonnais-je
- Absolument, fit la dame alien Il sent lorsque son action est nécessaire.
En soirée, nous nous sommes reposés, nous remettant de nos émotions. Lokhaïl fixait avec insistance le sage Darsimen. Il émit des sons très aigus, ne quittant pas son visage, ses grands yeux de nuit brillant intensément.
Je compris que mon petit compagnon tentait d’établir un échange télépathique avec le sage et ne le troublais point.
Normalement les jeunes clones de mon monde ne peuvent effectuer de tels échanges qu’après la maturation complète de leur système neurocérébral. Mais les petits gris offraient bien des surprises. Darsimen ouvrit les yeux au bout de quelques minutes et sourit largement au petit alien. Lokhaïl vint prendre place à ses côtés et lui tendit une fiole d’eau mystérieuse. L’alien vénérable but le liquide et le remercia.
- Cher petit précieux, merci à toi. Que fais-tu en ce lieu petit, petit … ?
- Loo…khaa… ii-l, couina le jeune clone
- Lokhaïl. Très bien.
Le petit alien cligna simplement des yeux avec un sourire.
- Tu me crois encore capable ? Voilà qui est fort étonnant, je n’ai plus confiance moi-même en mes capacités…
Le petit gris cligna des yeux d’un air intensément concentré. Il émit des sons aigus inconsistants avec de nombreux gestes en désignant la chenille immobilisée.
- Tout cela est avancé mon cher enfant. Une turbine de poussée bloquée ?
Incapable de parler, le petit gris baissa les yeux et réprima un sanglot. Le sage se récria, le serrant près de lui aussitôt.
- Très bien, très bien, je vais voir ce que je puis faire. Je vais au moins essayer. Rien n’est trop ardu pour contenter un enfant comme toi, émit-il avec chaleur. Et Darsimen, qui avait le cœur grand, embrassa le front du petit clone.
Tout à fait surpris, Lokhaïl émit un éclat de lumière fugace, tout son corps s’éclaira d’une belle lueur argentée qui se dissipa en peu de temps.
- Je n’avais jamais vu un petit être aussi électrique ! s’extasia Darsimen. Alors ? Par quoi commençons-nous ? demanda t-il d’un air guilleret en s’approchant vivement du petit transport
Lokhaïl émit un petit cri et lui tendit des outils pour dévisser le capot du système de propulsion magnétique à l’arrière de la chenille.
Cette intervention était pour le moins étonnante, mais de loin, Lokhaïl et Darsimen semblaient parfaitement se comprendre.
- Êtes-vous bien certain que cela soit pleinement avisé ? se formalisa le premier Panresu. Ses intentions sont sûrement les plus nobles du monde, mais le comportement de notre ami est ponctué d’absences.
- Le premier Darsimen a écrit nombre d’ouvrages très bien documentés sur le voyage spatial et les différents types de vaisseaux stellaires, répondit Eratsu
- Oui, ça y être bien vrai, couina mon petit Stency. Moi lire, lui, très grand érudit.
Nous avons conversé longuement, puis nous sommes restaurés, mes compagnons et moi-même. Ces derniers n’avaient pu récolter que quelques variétés de lichens, de mousses et de champignons au coloris alarmant. Nous avons goûté tous ces mets avec inquiétude, réservant les plats les plus sûrs aux enfants. Tout se révéla excellent.
Certes nous avions toujours le ventre vide, mais ainsi, avec l’eau mystérieuse, nous étions tout de même suffisamment rassasiés pour déployer une avancée constante.
Darsimen et Lokhaïl cessèrent leurs travaux, et vinrent s’étendre au ras de la paroi. Chacun s’endormit et dormit fort bien malgré les grondements souterrains que l’on percevait en contrebas.
Je percevais dans un demi-sommeil des formes claires. Je sentis même des mains très douces effleurer mon visage, apaiser les crampes de mes jambes. Des présences invisibles veillaient sur nous, c’était certain.
Transmis le 3 juillet 2018 par Aurélia Ledoux
Source : http://www.unepetitelumierepourchacun.com
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Texte partagé par les Chroniques d'Arcturius - Au service de la Nouvelle Terre