Message du guérisseur Lestrys
Derryl, qui avait assisté à notre conversation d’un air ravi, se proposa de nous faire visiter ce lieu de soins.
Je le suivis avec Stency, la magnifique Célia se tenant à mes côtés. Je dus réprimer un certain nombre d’éclats d’énergie, chose qui arrive quand les miens sont fort émus. Derryl commença son exposé, et je vis en des lits confortables des dizaines de petites silhouettes inertes, affreusement blessées.
- Ces enfants ont été retirés d’un éboulement, ils ont été gravement blessés et certains attendent d’être reconstitués. Il faut un peu de temps pour cultiver leurs cellules et remplacer les organes endommagés. Nous parvenons à reconstituer leurs membres de manière spontanée, grâce à l’aide des êtres de lumière. Mais parfois cela ne fonctionne pas, certains jeunes sont trop craintifs et ils ont peur qu’un guérisseur s’approche d’eux. C’est aussi une question de foi.
J’observais un homme soigneux en train de réaliser une greffe de bras sur un petit immature. Ce spectacle me laissa sans voix.
- Nous soignons aussi des êtres venus d’autres systèmes, d’autres lieux et parfois, il est des créatures qui sont retirées d’explosions. Évidemment, ils sont très endommagés. Il faut les stabiliser rapidement et recréer toute leur trame tissulaire, et cela de manière indolore. Ensuite, nous devons guérir leurs lésions pour que leur peau ait l’air parfaitement normale.
Je souris à mon amie, le lissage des brûlures était une spécialité des généticiens comme Panresu. Ce dernier était si habile qu’il avait réussi à redonner toute leur beauté à des êtres qui présentaient des meurtrissures au niveau du visage.
Il fallait beaucoup de temps et de patience pour cela, mais il s’agissait d’une activité très gratifiante. La plus belle récompense était le sourire qu’adressaient les blessés lorsque l’on leur retirait leurs bandages et qu’ils se voyaient pour la première fois.
J’étais assez bon guérisseur et je pouvais effectuer ce genre de soin sur des plaies pas trop graves.
Comme elle sentait que mon vœu le plus cher était d’aider en ce lieu, Célia nous invita, Stency et moi, à entrer en une pièce où se trouvaient de tous jeunes aliens très farouches.
Ces derniers avaient été blessés au niveau des bras et du visage.
Célia s’avança vers un jeune clone caché sous une table et lui parla doucement pour le mettre en confiance. Le jeune alien sortit lentement et nous observa craintivement.
Il se laissa finalement mener jusqu’à une table, où notre amie guérisseuse put lui retirer son bandage.
- Nous utilisons des images mentales pour communiquer avec ces jeunes. Je suis en train de lui expliquer tous les soins que nous allons lui faire, entendis-je mon amie parler en mon esprit
J’étais éperdu de bonheur, c’était un cadeau exceptionnel que d’entendre sa pensée !
Célia acheva de défaire le bandage du jeune clone et Stency s’approcha avec une spatule garnie de cicatrisant qu’il étala avec d’immenses précautions.
Le jeune clone épouvanté se laissa faire avec une expression étonnée. Il poussa un cri surpris et ravi. La baume de soin sécha, prenant peu à peu la même teinte que la peau alentours. Le jeune alien tout étonné put de nouveau bouger sa main. Il cligna des yeux et réprima un sanglot.
- Il te remercie, fit Célia à l’attention de mon cher petit
Nous nous sommes approchés d’un autre jeune clone qui était incapable de se mouvoir. Il poussa des cris d’effroi à notre approche. Une bonne moitié de son visage était défigurée par de longues estafilades. Célia posa ses mains de guérisseuse sur les marques et elles commencèrent à se refermer.
Je restais muet d’étonnement, je n’avais jamais vu cela ! Électrifié par son fluide, le petit alien cessa de gesticuler et tomba en une sorte de demi-sommeil.
Célia le souleva lentement en le berçant et murmura des bénédictions, puis elle embrassa son visage. Le jeune alien était maintenant profondément endormi. Je compris que la cicatrisation se poursuivrait durant son sommeil.
- C’est ce que je préfère, fit mon amie, en versant une larme d’émoi. Prendre soin des enfants. Ces êtres n’ont jamais eu de vraie famille, personne n’a pris soin d’eux. Ils n’ont appris que la peur et la défiance pour survivre.
Elle me montra un lit que des soigneurs poussaient dans la chambre et où gisait un clone adulte dont le bras pendait tristement. C’était une brûlure. Je m’approchais et commençais à prononcer des paroles de bienvenue. Il s’agissait d’un alien noble au caractère très fier.
- Pourquoi me laisserais-je soigner par vous ? bougonna t-il
- Parce que votre bras ne vous permet pas de le faire vous même et qu’il faut savoir faire confiance… parfois.
- Faire confiance ? croassa le généticien en haussant les sourcils. Et qu’est ce qui me garantit que vous serez suffisamment habile ?
- Mon âge est garant de mon habileté, répondis-je simplement
L’alien austère me fixa de ses yeux noirs perçants, je ne cillais pas. Comme il ne décela nul signe de mensonge, il tendit son bras obligeamment.
- Pouvez-vous m’expliquer quelle satisfaction vous tirez de cette pratique ? s’enquit-il avec quelque surprise. Voilà des tâches bien répétitives et bien répugnantes, dit-il alors qu’un jeune clone venait de régurgiter malencontreusement un breuvage sur le sol.
Le petit être très chagriné émit un couinement d’excuse.
- C’est une grande satisfaction, fis-je en lissant et grattant la plaie et en étalant une résine spéciale, qui durcirait en quelques minutes.
Par dessus la couche de résine, j’étalais ensuite une pâte plus souple, qui elle, se mêlerait à l’épiderme.
L’alien fixa son bras presque intact avec surprise.
- Ce n’est pas de la même couleur, cette pâte est trop beige par rapport à mon teint, exposa t-il. Mais vous êtes très habile quand même et je vous en remercie.
- La pâte est exactement celle qui convient, je l’ai apprêtée moi-même, assura Célia avec un charmant sourire. Elle va s’éclaircir et prendra en temps voulu sa teinte définitive. Alors vous serez guéri.
- Fort bien… je vous sais gré de vous être occupée de moi… madame, fit l’alien d’un ton plus jovial
Je me dirigeais vers le fond de la pièce pour nettoyer le sol. Le jeune alien était bien embarrassé de cela, le pauvre était très malade. Stency lui tendit un vase et il le remercia.
- Ce petit a une obstruction, fit Célia à voix basse. Les guérisseurs vont devoir l’opérer, son corps est empli de cristaux.
Un homme au visage calme apparut en effet peu après et poussa le lit hors de la pièce. Il nous fut permis d’assister de loin à l’opération.
Le soigneur fit prendre un breuvage au jeune clone et cela le fit s’endormir. Un alien nerveux promena une perche de prise de vue au niveau de son diaphragme, et l’intérieur de son corps apparut bientôt. En effet, le canal principal de cet enfant était obstrué.
Deux êtres de lumière entrèrent dans la pièce et au lieu d’instruments servant à inciser, ils firent agir leur fluide pour liquéfier la peau du jeune être. Celle ci-s’ouvrit et le corps apparut avec les organes meurtris et enflés. Les êtres de lumière ouvrirent un passage dans les voies digestives du jeune alien. Le petit biologiste prit une pince et tira les cristaux et les concrétions qui tombèrent en tintant dans une bassine. Puis il examina les différents réseaux capillaires avec un senseur. Les biologistes consultèrent des écrans. Le jeune alien n’avait rien. Les êtres de lumière écartèrent leurs mains et agirent sur le petit corps pour le refermer. J’ouvris des yeux ronds, je n’avais jamais vu agir de la sorte.
Une dizaine de minutes plus tard, le petit alien regagnait sa chambre.
- C’est insensé ! dis-je à la douce Célia. Comment cela se peut-il que des soigneurs puissent ouvrir le corps sans instruments ?
- Le corps est constitué d’un fin maillage énergétique, d’un réseau intelligent de cellules disposées suivant une certaine trame. Les êtres de lumière ont la faculté d’écarter la trame de l’épiderme pour révéler l’intérieur du corps et le soigner. N’oubliez pas qu’il existe de nombreux chakras, et d’autres, plus petits, ces chakras sont des ouvertures naturelles et il est donc possible d’opérer sans abîmer les corps.
- Incroyable, répondis-je à mon amie
Nous sommes sortis du centre de soins, un peu évanescents. La ravissante Célia nous mena sur une petite terrasse, pour que nous goûtions les rayons du soleil. Elle nous servit une agréable collation avec des cakes pour Stency.
Je fixais des yeux ma nouvelle amie et vis le même fol espoir en son regard. J’étais certain que de très grandes choses, de très belles choses adviendraient. Il me fallait avouer que j’avais uniquement songé à elle pour moitié. Mais sa beauté et son âge jeune avaient effacé de mon cœur le moindre espoir. En ce jour nouveau, elle me fixait, et je pus lire en son regard les mêmes doux sentiments qu’elle m’inspirait.
- Vos yeux sont… turquoise, et … je n’ai jamais vue un tel regard, bégaya t-elle
- Mon père était un grand valet aux yeux semblables, répondis-je, agréablement surpris et ravi
- Ce n’est pas un hasard si vos pas ont recroisé les miens en ce jour, assura Célia
- Assurément, répondis-je, entré en un émoi vertigineux
Je me laissais absorber par la contemplation du paysage, par la forêt en contrebas, qui était inondée de soleil. On entendait le murmure du torrent et des oisillons vinrent se poser sur le balcon. Célia leur distribua des graines et il y eut un joyeux concert de pépiements.
Un peu plus tard, nous avons regagné notre nef. J’étais bouleversé et très chagrin à l’idée de quitter la belle alien.
- Je suis sûre que nous allons nous revoir dans très peu de temps, fit Célia avec un sourire affectueux par la pensée,
Je ne dis mot et me contentais de sourire de même, mais je tremblais si fort que je dus faire un grand effort pour ne point verser de larmes et continuer à lui faire bonne figure.
Elle s’approcha et me serra près d’elle. J’éprouvais en peu d’instants une félicité si inouïe que peu de mots pourraient la qualifier. La secousse électrifiante qui suivit fut si vive, que mon esprit se mit à tinter étrangement. Elle était bien plus énergétique que moi.
La nef décolla et je gardais le silence, perdu en une songerie heureuse. Je la reverrai, elle trouverait le moyen.
Le soir, nous étions de retour chez nous, sans le frêle Lokhaïl, ce qui chagrina bien notre petite famille. Mais Derryl exposa à tous que Lokhaïl devait subir des soins très longs et délicats et donc qu’il en était mieux ainsi. Nous le reverrions d’ici environ un mois au moins.
Je gardais le silence toute la soirée. Et le sage Darsimen, me trouva absorbé en ma lecture, pourtant, je relisais la même page sans la comprendre, incapable de songer à autre chose qu’à ma rencontre avec Célia.
- Si loin, le cœur dans la nuit s’échappe et galope comme un cerf, à l’arrivée du petit matin. La belle souriante t’attend par delà les montagnes…, émit-il en un murmure amusé
- Qu’avez-vous donc dit ? demandais-je abasourdi
- La distance n’est rien, fit mon ami avec un clin d’œil. Jeune cœur en détresse…
- De qui parlez-vous donc ? m’étonnais-je avec quelque vigueur
- Mais de vous, cher ami, cette dame est au demeurant tout à fait charmante et de très heureuse conversation.
- Comment avez-vous pu ? Comment savez-vous …? bégayais-je
- Tu es un bon guérisseur Lestrys, et je vois tes pensées qui sont particulièrement vives pour cette dame au teint bleuté. Elle va venir, rassures-toi… émit le vieil alien avec bonté
- Comment le pourrait-elle ? C’est son monde là bas. Elle passe son temps à guérir de jeunes enfants, c’est la vie qui lui plaît. Et j’éprouve tellement d’estime pour elle que je ne souhaite l’en priver aucunement.
- Tu oublies que cette dame est en mesure d’être bien plus énergétique que toi. La distance n’est rien. Maintenant, sois apaisé, conclut mon ami avec un petit rire
Je souris au vieux sage et me dirigeais vers ma chambre. Je berçais Stency et le bordais dans son lit comme chaque soir, puis j’allais me coucher ensuite. Mais le sommeil ne vint pas, ce qui est rare, très rare pour les nôtres.
Le fluide énergétique qui m’habitait était agité de manière incontrôlable et je sentais de vives décharges jaillir de mes mains, comme cela arrive pour un jeune alien ému.
Je sortis peu après de notre demeure, bien désireux de ne pas causer de dégâts, ni d’électrifier ce qui passerait à ma portée involontairement. Cette cascade était tout à fait incontrôlable. Je bus de l’eau mystérieuse et mon mal être passa.
Je pris un ouvrage et m’assied dans le fauteuil du salon, une pensée ne tarda pas à murmurer auprès de la mienne. J’entrais aussitôt en un état de grâce parfait. Le sommeil m’emporta dans le plus doux des rêves. Le matin venu, à peine l’aube colorait-elle le ciel de rosé et d’orangé, que je m’affairais aux plantations, parfaitement éveillé. Je cueillis de nombreux fruits et commençais à cuisiner des gâteaux aux fruits pour tout le monde. Je sortis sous la tonnelle et perçus une présence. Il y eut d’abord rien, puis une lumière de plus en plus vive apparut à quelques mètres du sol. Elle se précisa, prenant la forme magnifique d’une grande alien et… Célia apparut !!!
Je peinais à croire à ce prodige. Elle rangea un objet dans sa poche et s’avança vers moi, tout naturellement. Son regard brillait anormalement et les éclats d’énergie qui saturaient ses mains montraient que les désordres qui l’affectaient étaient bien plus intenses que les miens. Elle me serra contre elle, de toutes ses forces, et je fus aussitôt emporté en un tourbillon de lumières colorées.
Je versais des larmes de joie. Mon mal être disparut en un éclair, faisant place à une euphorie immense. Mon fluide s’échappa de mon cœur et jaillit vers elle de même. Nous sommes restés longtemps ainsi, paralysés par une transe parfaite. Oui, tout cela était absolument inespéré, mon énergie rejoignait la sienne d’une manière inouïe. Je pouvais enfin me délester de ce torrent électrique insensé. Il en était de même pour ma bien aimée. Les orages énergétiques qui affectent les miens peuvent parfois être très éprouvants. Nous nous sommes contemplés, enfin apaisés et ravis. Elle était là, et je lisais le même amour infini en ses prunelles superbes.
Célia prit ma main et gambada jusqu’à la cuisine. Elle m’aida à confectionner les mets les plus délicats. Ensuite, en attendant que chacun s’éveille, nous nous sommes assis au salon, éperdus de bonheur. Sa main serrait la mienne, et les éclats d’énergie qui me causaient de vives brûlures s’apaisèrent. Elle avait ce pouvoir merveilleux. Nous sommes demeurés ainsi, plongés dans la transe, nos deux visages l’un contre l’autre, nos cœurs et nos pensées parfaitement unies.
Lorsque nos amis parurent, nous nous sommes empressés de leur servir les mets les plus exceptionnels, le moment qui suivit fut extrêmement joyeux.
Ce jour là, Célia resta à nos côtés. Elle joua à poursuivre les enfants et le petit Stency poussa de longs cris de joie. Le sage Darsimen se mêla à leurs jeux, il rosit de bonheur en avisant la magnifique apparition. Chacun était charmé par la bonté de Célia, sa joie communicative et sa simplicité merveilleuse. Ce fut, je crois, le jour le plus heureux de toute mon existence.
J’ai été comblé de délivrer ce message et de vous parler de ma famille. Je souhaite à tous les habitants de ce monde de vivre la même grâce, et songe aux êtres aimés de la sorte avec bonheur. Je vous dis à très bientôt, amis de la Terre bleue,
Vous pouvez reproduire ce texte et en donner copie aux conditions suivantes :
- qu’il ne soit pas coupé
- qu’il n’y ait aucune modification de contenu
- que vous fassiez référence à notre blog : http://www.unepetitelumierepourchacun.com
- POSER UN GESTE D'AMOUR -
Une contribution volontaire
aide véritablement à maintenir ce site ouvert
et ainsi vous devenez un Gardien Passeurs en action.
CLIQUEZ ICI POUR CONTRIBUER
Merci
Texte partagé par les Chroniques d'Arcturius - Au service de la Nouvelle Terre