L’accueil des êtres de Lumière

Message du Professeur Zolmirel

La première partie de ce message est consultable juste ici :

« Voici un autre message de votre ami, le professeur Zolmirel. Oui, il fait bien frisquet ces temps-ci.

Pour le petit alien que je suis, votre climat est bien rigoureux. Les miens apprécient un climat plus doux et printanier, pas trop sec non plus.

Mais ici, nous sommes en mission d’exploration, bien sûr et nous avons pour ce faire des habits chauffants très bien adaptés.

Cela est indispensable, sinon, nous ne pourrions nous mouvoir. Mon peuple produit très peu de chaleur interne. C’est aussi pour cette raison que nous ressentons parfaitement la vie qui émane du sol, qui s’épanouit joyeusement. Nous avons un mode de vie bien plus posé que le vôtre. Ce qui ne veut pas dire que nous sommes lents. Les plus paisibles d’entre nous savent agir avec célérité en cas de besoin, ils font toujours preuve d’un merveilleux à propos. C’est cela qui en fait des navigateurs très qualifiés. Ils ne font qu’un avec leurs nefs, leurs vaisseaux et leurs escorteurs !

Oui, nous aimons beaucoup piloter des nefs, des croiseurs !

C’est un exercice très amusant.

Sur mon monde, tous ceux qui le désirent peuvent piloter un petit transport à répulsion. Cela leur est enseigné, et ce type de véhicule permet de transporter des charges lourdes. Nous nous en servons principalement pour les travaux de restauration d’édifices, de construction, ou de canalisation des rivières. Il existe en mon pays des cours d’eau assez nombreux, des marais, des lacs, et il nous faut bien souvent édifier des digues, des barrages, avec des troncs d’arbres anciens que nous entreposons à cette fin.

Mais les plus sages des nôtres accomplissent aussi cela par l’esprit, ce qui va bien plus vite et qui constitue un spectacle merveilleux pour les plus jeunes.

Je vous parlais d’exploration dans mon dernier message. L’avez-vous oublié ?

J’en étais resté à cette belle de glace que nous avions explorée avec succès et dotée de formes de vie, juste avant que notre vaisseau ne soit englouti sous la glace.

C’est encore une fois la prescience fabuleuse de notre ancien, qui avait maintenu les petits membres de notre expédition hors du péril. Oui, car à chaque fois ces expéditions comportent des enfants bien courageux.

C’est un honneur pour eux et leur famille de s’illustrer lors de ces occasions et ils reviennent la tête emplie de souvenirs brillants.

Il n’y a pas réellement de danger, grâce aux anciens qui savent anticiper chaque détail des possibles, mais il nous faut souvent frôler le danger, lorsque nous explorons des astres jeunes très instables.

C’est aussi pour cette raison que nos devons agir au moment opportun.

Notre expédition s’en était tirée de justesse et un croiseur de lumière, ayant détecté notre position, est apparu sur notre console. Nous l’avons remercié de sa venue et avons répondu chaleureusement à son invitation. Aussitôt, ce grand bâtiment tout illuminé se matérialisa à l’avant de notre proue, pas trop près, pour ne pas nous effrayer.

Que dire d’une telle apparition ?

Il vous faut imaginer un long cylindre tout éclairé, semblant fait de glace très brillante, et entouré d’un grand halo irisé. Ce navire immense faisait de 2 à 3 kilomètres de long. Il avait une forme de cylindre arrondi à l’avant et doté d’un bulbe rempli vraisemblablement d’instruments de détection.

C’était un fabuleux spectacle, je dois dire. Les Êtres de Lumière nous saluèrent joyeusement et un champ magnétique amena aisément notre petit navire dans un grand hall brillant.

La fenêtre permettant d’entrer dans le vaisseau était bien vaste pour notre petit transport de neuf membres d’équipage. Nous sommes descendus timidement et un groupe de musiciens entama un air très joyeux. Dans ce vaisseau se trouvait mon ami Dorian et douze de ses compagnons.

J’étais absolument ravi, et je me précipitais pour le saluer, en lui présentant tous les membres de notre expédition.

  • Vous avez fait là un bien joli travail, nous complimenta t’il. A présent, venez donc vous restaurer comme vous le méritez bien ! Vous avez besoin de repos, ces enfants ont eu bien du courage !

Et il nous invita à le suivre dans un grand hall bleu, aux parois miroitantes superbes, qui rappelaient l’éclat du cristal le plus pur, avec ce chatoiement unique, comme si la paroi du vaisseau était parcourue d’énergie. Les enfants s’extasiaient devant chaque parement décoratif qui représentait un animal différent et qui changeait de couleur à notre approche.

Le couloir était pourvu d’escaliers de pierre blanche, garni de colonnes, qui menaient à des ailes différentes du navire. Il y avait des quartiers réservés aux dortoirs, des ailes de détente, avec des salles de sports très variés, des centres de formation des pilotes, des bibliothèques si immenses, qu’il est peu de mots pour les décrire, et aussi des observatoires, bien sûr.

C’est vers ce lieu que nous mena Dorian, en nous faisant entrer dans un petit salon tout près de la baie vitrée du navire. Cette baie très vaste, était dotée d’un blindage à toute épreuve, mais transparent. On pouvait à loisir grossir la partie du ciel que l’on souhaitait observer en détail.

Les enfants émerveillés, prirent plaisir à cette activité, pendant que nous conversions.

Des Êtres de Lumière souriants, nous apportèrent un délicieux repas, il me faut avouer que tout cela était délectable. Les boissons aussi étaient extrêmement énergisantes, je me sentis baigné d’un sentiment d’euphorie que peu de fois j’avais pu approcher.

J’expliquais à Dorian que notre vaisseau possédait plusieurs avaries mineures et il me certifia qu’il serait aisé de trouver remède à cela.

En vérité ma joie était si grande que malgré les réparations complexes qui nous attendaient, je me mis à sourire.

Nous avons devisé longuement sur les immenses vastitudes de l’espace inexploré. Les Êtres de Lumière nous parlèrent d’une belle potentielle en attente de peuplement végétal, qu’ils avaient détectée.

Nous l’avions aussi enregistrée grâce à nos instruments et je me dis bien que tout cela n’était point un hasard.

Ce petit monde bleuté et saumâtre serait notre prochaine destination. Une joie nouvelle me saisit alors, tandis que les enfants somnolaient sur les fauteuils.

Nous avons décidé d’un commun accord d’aller nous coucher.

Les cabines qui nous étaient destinées diffusaient une douce lueur crépusculaire à notre approche. Chacune était dotée de vêtements de nuit confortables à notre taille, ainsi que de lits adaptés à nos préférences. Certains lits étaient plus durs ou plus mous et les Êtres de lumière les avaient faits apparaître spécialement pour notre groupe, sans que nous leur en ayons demandé. Tout cela était stupéfiant de prévenance et de gentillesse.

Les parures et les couvertures de chaque lit, de chaque alcôve, étaient les couleurs favorites de chacun des enfants.

Nous en étions bouleversés.

Cette nuit de repos fut peuplée pour moi-même et mes compagnons, des rêves les plus doux qui soient. Le matin venu, une bonne collation nous attendait, avec de petits biscuits aux graines exquis.

Nous nous sommes dirigés vers le grand hall brillant, tout naturellement, mais Dorian vint à notre approche et nous dit que durant la nuit, les techniciens du vaisseau-lumière avaient déplacé notre transport, dans une salle spécialement dédiée à la maintenance.

Nous nous y sommes rendus et là, effectivement, des portes géantes s’ouvrirent, laissant apparaître le dessous de notre astronef, monté sur un dispositif de déplacement. Cette salle fascinante était pourvue du meilleur équipement que j’ai pu voir, pour démonter et remiser efficacement un vaisseau.

Nos deux pilotes confirmées, des dames aliens très habiles, se sont empressées de commencer les travaux. Il y avait un retard dans le changement de direction de notre petite nef de dix mètres de haut et soixante mètres de long environ. Il existait autour de cette salle de forme sphérique, des faisceaux d’élévateurs permettant de se déplacer sur tout le pourtour du vaisseau simplement en flottant, et en gardant les mains libres.

Le bas de la salle était bleu roi, et pourvu en quantité de nombreux outillages de détection des pannes et des problèmes de circulation d’énergie à l’intérieur d’un vaisseau.

Les problèmes de décorrélation et de poussée trop imprécise, étaient également diagnostiqués avec une parfaite vérité. La décorrélation est ce qui permet à un navire de pouvoir accélérer en s’opposant au champ magnétique planétaire, lors de la phase d’éjection.

Cela arrive lorsque les cuves d’hydrogène donnent leur plein potentiel. Lorsqu’un vaisseau vieillit, l’étanchéité n’est plus parfaite, des fissures se produisent un peu partout et il peut y avoir des fuites de matériaux, au niveau du réacteur de poussée.

Comme ces systèmes sont autogènes, quasiment vivants, les réparations sont aisées, les matériaux qui s’échappent, sont souvent des ions d’hydrogène ou d’hélium. Au-delà de quelques ions par minute, qui est une quantité infime, des alarmes se déclenchent et le vaisseau se stoppe de lui-même après un temps bref.

Cela est fait pour lui permettre d’émettre un message de détresse ou de se poser sur une aire de remisage.

A bord de chaque nef, il existe une unité de production de vivres, soit une serre. La serre est constituée de manière à régénérer parfaitement l’atmosphère pour une période de plusieurs mois à un an.

L’épuration de l’eau et les dispositifs de filtration de l’air sont également très aboutis.

Notre espèce a moins de besoins organiques que la vôtre, mais il existe également des vaisseaux capables d’accueillir des humanoïdes tels que votre peuple.

Il est vrai que les aliens mangent peu, leurs corps rejettent uniquement des composés minéraux, sous forme de petites pierres ou de cristaux, à de rares occasions. Notre corps absorbe intégralement tout ce que nous mangeons, en le digérant de manière parfaite. Comme il ne produit pas de chaleur, il rayonne directement une électricité très bénéfique. Celle-ci est assimilable à une légère radioactivité, de type naturel, qui encourage la croissance végétale.

Vos savants ont commencé à expérimenter la vivacité de cette radiance, en certaines régions de votre monde, où les vôtres se sentent si bien et où la végétation, les insectes, ont une taille supérieure à la normale.

Nous étions en ce lieu du vaisseau-lumière, où le remisage de notre nef paraissait gagné d’avance, avec des pannes que le dispositif merveilleux du puissant équipement des Êtres de Lumière, avait diagnostiqué longtemps à l’avance.

Avec notre ancien et deux petits biologistes intrigués, nous avons laissé les dames aliens expertes en réparation à leur ouvrage.

Nos hôtes auraient bien sûr pu réparer cette nef en un tournemain, mais avec leur prévenance habituelle, ils avaient deviné que nous préférerions le faire nous-mêmes.

C’est ce que fit remarquer notre ancien avec un petit rire.

Nous nous sommes dirigés vers les serres, où Dorian nous invita à nous rendre, par le biais de la télépathie, en nous guidant dans les méandres de cet immense vaisseau tout brillant. Nous sommes passés devant le grand observatoire où des aliens astronomes discutaient avec animation avec des humanoïdes, des Êtres de lumière et d’autres experts, issus de peuples inconnus. Certaines créatures avaient notamment des plumes ou un pelage. Il s’agissait d’êtres immensément bienveillants, de par la bonté qui émanait de leurs regards, de leurs gestes.

Ensuite, une salle de sondoscopie, visiblement, avec d’immenses détecteurs, de grandes consoles informatiques, s’est révélée à nos regards. Puis, plus loin, nous avons entrevu le centre de pilotage de l’immense navire, entièrement blanc et jaune pâle, dont on ne voyait que certaines salles, notamment celles réservées à la télédétection des corps stellaires.

Près de ces lieux, se trouvaient les dispositifs d’épuration en air du vaisseau.

Nous sommes parvenus à un grand hall saumon, donnant sur un puits. Dans ce puits, se trouvait une immense gemme de cristal pur, blanc nacré, qui émettait une lueur constante. Les Êtres de lumière avaient laissé la gangue de la roche sous le cristal, par respect. On sentait émaner de lui une force infinie, un doux contentement.

Un escalier permettait de se rendre au bas de cette superbe formation, qui nous enchanta aussitôt. L’escalier tournait régulièrement autour, suivant des proportions parfaites. D’ailleurs tout le puits, couronné d’un dôme luminescent à son sommet, était fait pour recueillir l’énergie de ce cristal fabuleux et la diffuser dans toute cette partie du navire. Le pied du cristal était parcouru d’une eau fraiche et pure, entourée d’algues et de mousses. Une senteur agréable s’élevait. Face à cette gemme magnifique, une petite arche s’ouvrait, menant directement aux serres.

Nous sommes entrés dans un passage entièrement composé de guirlandes de verdure, de fleurs, de bras de plantes grimpantes chargées des fruits les plus délicieux. Des enfants s’amusaient à courir entre les plantations, faisant voler derrière eux des nuées d’insectes. Les haies qui bordaient cet enchantement de cultures parfumées, très haut sous le plafond mouluré, abritaient des nids nombreux d’oiseaux, qui se trouvaient ainsi bien tranquilles à cette hauteur.

Des arbustes en pleine santé, chargés d’agrumes d’une taille exceptionnelle, attendaient que quelqu’un les récolte. Des paniers étaient posés ça et là, et nous nous sommes empressés d’agir pour les soulager de ce poids, tant les branches ployaient.

Ce fut une récolte joyeuse tout à fait improvisée. Des jardiniers, plus loin, nous remercièrent de nos travaux, ils nous invitèrent à nous rendre au centre de soins, pour y porter ces fruits fraichement cueillis.

Nous avons accepté aussitôt. Le centre de soins était précédé d’une porte rose, toute bariolée de couleurs. Un couloir chatoyant y menait, et des centaines de dessins d’enfants magnifiques paraient les murs. C’était vraiment un endroit très gai. Une soigneuse nous accueillit et nous indiqua les cuisines.

Là se trouvaient de très gentils petits êtres, des hommes et des femmes souriants, ainsi qu’un immense lézard cuisinier. Ils nous remercièrent tous pour les fruits.

Nous sommes ressortis de cet endroit, puis, je dois dire, que nous nous sommes un peu perdus dans ce vaisseau, tant il y avait de lieux à visiter.

Une porte nous mena tout droit à un superbe paysage de verdure, entrecoupé de montagnes et de vallées. Nous avions l’impression d’avoir atterri quelque part, même s’il n’en était rien.

Nous avons décidé alors de traverser ce lieu plaisant pour regagner notre point de départ, que nous sentions, juste derrière une vaste forêt. Ce fut une promenade enchanteresse, à travers des cascades, des vallons, des petits sentiers tout étoilés de fleurs. Que dire des cactus et des variétés de champignons rencontrées dans les sous bois ?

Tout cela était un très grand bonheur pour notre petit groupe de botanistes !

Nous avons émergé de l’autre côté de la forêt, alors que le ciel imitait avec brio un crépuscule doré. Une douce senteur de soirée embaumait à mesure que des vers luisants apparaissaient parmi la végétation.

Nous nous sommes retrouvés face à des plantes crépusculaires poussant en touffes, faiblement lumineuses et une porte s’est révélée. Brusquement, nous avons émergé dans une coursive familière menant à notre lieu de séjour.

Dorian se tenait là près d’une table, à converser avec nos deux héroïques pilotes, ravies visiblement de leurs réparations.

Il nous apporta un diner exquis et nous nous sommes regardés en riant. Nous avons échangé avec plaisir sur nos découvertes de la journée. Notre ancien bien repu, nous parla alors de cette belle parée de mers azur, qui appelait nos cœurs à venir la visiter. C’était une nouvelle promesse de voyage.

Un nouveau très beau voyage se profilait devant nos yeux. Avant, nous devions retourner chez nous, pour nous y reposer un peu, bien sûr. Mais cette perspective à venir nous enchantait.

J’ai été plus que ravi de vous relater cette belle aventure, chers amis de la Terre,

Votre ami à tous qui vous salue bien affectueusement, »

Le professeur Zolmirel et ses compagnons

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Texte partagé par les Chroniques d'Arcturius - Au service de la Nouvelle Terre