Un texte de Renaud Manuguerra-Gagné

Pour la première fois, des chercheurs ont réussi à mettre en chiffres la masse que représente la vie sur Terre. Leurs résultats montrent non seulement la petite place qu’y occupe l’humanité, mais surtout l’immensité de son impact.

En comparant l’humanité à l’ensemble de la vie sur Terre, notre espèce ne fait littéralement pas le poids. Malgré nos 7,6 milliards de personnes, nous ne représentons, en masse, que 0,01 % de la vie sur la planète. Pourtant, malgré notre apparente insignifiance, notre influence sur le reste de la vie terrestre est indéniable.

Changements climatiques, déforestation et surpêche sont tous des exemples cités couramment. Il est malgré tout difficile de réaliser l’ampleur de notre impact avant de le chiffrer. Une étude parue dans la revue PNAS nous donne un premier aperçu de la distribution de la vie sur Terre durant l’Anthropocène.

Estimer la vie

Pour parvenir à ces chiffres, les chercheurs ont estimé l’ensemble de la biomasse terrestre. Il y a plusieurs façons de la mesurer, mais ces derniers ont opté pour la masse de carbone, qui est l’élément sur lequel toute la vie terrestre est basée et qui a l’avantage d’éviter la variabilité de la teneur en eau.

Pour arriver à leurs estimations, ils ont compilé des centaines d’études sur la présence d’êtres vivants à grande et à petite échelle. Ce genre de recensement est fait par observation à l’aide de satellites ou par l’analyse de l’ADN présent dans des cours d’eau ou dans le sol; il permet d’estimer les espèces présentes ainsi que leur nombre.

Leur premier résultat est astronomique : l’ensemble de la biomasse composée des êtres vivants sur Terre serait d’environ 550 gigatonnes de carbone (une gigatonne représente 1 milliard de tonnes). De ce nombre, 86 % se retrouve sur la terre ferme, 13 % est enfouis sous terre et seulement 1 % se retrouve dans les océans.

Les championnes incontestées sont les plantes qui représentent, en poids, 82 % de toute la vie sur notre planète. Elles sont suivies des bactéries, qui représentent quant à elles 13 % de la vie.

Les 5 % restants regroupent donc toutes les autres formes de vie, des insectes jusqu’aux mammifères. C’est ainsi que les chercheurs ont pu affirmer que 0,01 % de la vie terrestre est humaine, soit trois fois moins que la masse de l’ensemble des virus ou de l’ensemble des vers.

Sur cette même lancée, la masse de l’humanité est aussi 12 fois plus petite que celle des poissons, 17 fois plus petite que celle des insectes ou 200 fois plus petite que celle des champignons.

La vie réarrangée pour nos besoins

Du bétail

Environ 96 % de tous les mammifères sur Terre sont des humains ou des animaux d’élevages. Les mammifères sauvages ne représentent plus que 4 % de la vie sur la planète. Photo : iStock

Même si ces chiffres sont étourdissants, ils révèlent à quel point l’humanité a modifié la vie sur Terre pour la mettre au service de ses besoins de consommation.

Seulement avec les mammifères, la masse de l’humanité passe soudainement à 36 %. Le groupe qui occupe le premier rang est… notre bétail! Environ 60 % des mammifères sur Terre sont des animaux d’élevage, tels que le bœuf, le porc et les autres animaux de la ferme. Cela signifie donc que les 4 % restants représentent l’ensemble des mammifères sauvages de la planète.

La situation n’est guère mieux pour les oiseaux, dont 70 % sont destinés à notre consommation. Les oiseaux sauvages forment les 30 % restants. Ces deux données montrent à quel point nos habitudes de consommation ont changé le cours de la vie sur Terre.

Les chercheurs ont aussi pu estimer que la masse de la vie a grandement diminué depuis l’arrivée de l’humanité. Jusqu’à 83 % des mammifères terrestres pourraient s’être éteints depuis les débuts de notre civilisation. Il en va de même pour 80 % des mammifères marins, 50 % des plantes et 15 % des poissons.

Selon ces chercheurs, l’ampleur de la tâche ne leur permet pas de donner des chiffres précis. Il s’agit toutefois de la première évaluation globale de l’importance de la vie sur Terre, qui sert aussi de base pour évaluer l’impact environnemental de nos activités.

[Source] https://ici.radio-canada.ca/


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Texte partagé par les Chroniques d'Arcturius - Au service de la Nouvelle Terre