Message du Professeur Zolmirel
Je reviens vers vous, chers amis de la Terre bleue. Me revoici, je suis particulièrement heureux de continuer le récit de notre dernière aventure.
Nous devions gagner une planète relativement lointaine de notre quadrant, et notre voyage nous entraînait fort loin, en des régions de l’espace peu explorées. Erazel m’avait appelé. Sentant son signal télépathique, je vins à sa rencontre dans le dédale de coursives du vaste navire.
Se réunissant ce jour là avec les autres anciens, en charge du voyage, Erazel sortit de la salle dédiée aux projections, d’un air quelque peu évanescent.
Je devinais à son visage que des péripéties nous attendaient, mais qu’elles seraient agréables.
- Vous avez l’air bien dubitative, osais-je affirmer.
- Il en est ainsi, en effet. Les lignes de possibles nous amènent tout droit en une direction bien audacieuse.
- J’espère que nous croiserons des êtres avenants.
- Notre navire est très rapide. Et il n’est rien dont nous ne puissions vous protéger, fit Erazel d’une voix paisible.
Nous avons cessé là notre conversation, car un signal code s’alluma près des lampes de notre couloir. Un son cristallin résonna. Nous entrions en trajectoire inattendue.
Les trajectoires inattendues, sont ce qui permet au vaisseau de s’autoprotéger. Soit l’entité semi-cristalline qui occupait le cœur du vaisseau avait détecté une pluie de météores en un couloir fort étroit, soit une flottille de vaisseaux peu amènes tentait de nous prendre en chasse.
- Je comprends mieux la nécessité de cette réunion subite, répliquais-je en tentant de marcher aussi vite que possible. Le faisceau de notre trajectoire aurait-il été détecté ?
- Oui, répondit Erazel en m’empêchant de prendre la mauvaise direction. Les machines doivent juste être poussées plus avant par mesure de précaution.
- Rien de plus ?
- Rien qui ne mérite qu’on en parle, me dit Erazel d’un air entendu.
Nous étions parvenus à nos appartements. Je vis à son visage qu’Amoni avait parfaitement compris la situation. Pour préserver les enfants, nous ne soufflions mot. Le compte à rebours défilait sur un écran. Chacun s’étendit aussi confortablement que possible et Amoni nous distribua des breuvages.
Il s’étendit à son tour, serrant le petit Zilner près de lui, et tenant la main de Nerti.
Mon esprit s’évada peu à peu, à mesure que la pression s’accentuait. Je tentais de garder les yeux ouverts, en fixant mes compagnons le plus longtemps possible. Zilmis près de moi s’endormit. Les visages d’Orel et Dorian devinrent indistincts.
Peu à peu, je sentis une douce impression cotonneuse, et me faufilais hors de mon corps. Alors, je m’échappais, une fois de plus.
- Ce que vous pouvez être curieux, fit une voix amusée près de moi.
Erazel se tenait à côté de moi, et aussitôt toutes mes craintes refluèrent. Nous nous trouvions occupés à flotter paisiblement dans l’espace, en une région avec un groupement d’astéroïdes assez serré, qui avait obligé notre vaisseau à ralentir car le couloir galactique se resserrait. Un autre navire, sombre en forme de rectangle très allongé, énorme et menaçant, se positionna en travers de notre route, tous ses canons déployés.
Omiscients et invisibles, nos esprits entrèrent en salle de pilotage.
Les timoniers réduisirent la poussée, et entrèrent en trajectoire de mise en déroute, se faufilant au dessus d’un énorme morceau de monde endormi. Un trait lumineux jaillit, le vaisseau ennemi visant nos réacteurs. Aussitôt, les boucliers entrèrent en action, repoussant les projectiles vers le navire pirate.
- Nous sommes un vaisseau scientifique, expliquait vaillamment le second capitaine dans le communicateur depuis plusieurs minutes. Nous n’avons pas de richesses à bord. Veuillez cesser cette attaque immédiatement.
Un rire épais et sinistre répondit, alors que des vaisseaux plus petits nous entouraient. Jaillissant vers le haut audacieusement, notre transport fut poursuivi par toute cette escouade de vils pillards de l’espace. Un navire de notre taille attirait l’œil, et ces derniers avaient pour visée de le revendre au plus offrant.
Des tirs rapprochés continuèrent, les boucliers renvoyant très précisément ces derniers aux vaisseaux ennemis. Les officiers installés au niveau de la réflexion des tirs faisaient merveille. Le nombre de vaisseaux qui nous poursuivait se réduisit peu à peu, nos ennemis atteints par leurs propres armes. Nous approchions d’une énorme étoile, échappant à ce puits gravitationnel. Les timoniers firent donner toute la puissance et notre navire accéléra en vitesse de pointe, laissant ses poursuivants loin derrière lui.
J’étais émerveillé de l’aisance avec laquelle nous avions pu nous en tirer. Une joie intense m’habita.
- Vous ne pensiez tout de même pas que nous lancerions un bâtiment de cette taille dans l’espace sans un dispositif de protection à toute épreuve ? exposa Erazel avec un rire.
- Il est parfait, assurais-je. J’espère que le vaisseau n’a rien eu.
- Rien de très grave, il existe juste deux impacts de poudre spatiale qui ont traversé. Les miroirs doivent être réglés plus en finesse, dit-elle.
Je sortis de ma torpeur peu à peu, les autres également s’animaient autour de moi. Notre vitesse était maintenant prodigieuse. Amoni étalait un onguent cicatriciel sur mes bras, où siégeaient quelques épanchements mineurs. Les autres portaient des marques similaires. Je m’empressais de les soigner à mon tour. Ensuite, Amoni nous expliqua qu’il devait se rendre au niveau du pont arrière, où un roc avait réussi à percuter un parement. L’officier en charge des miroirs avait été blessé par l’impact.
Nous avons pris une sorte de tapis roulant pour gagner en vitesse cette zone du navire. L’impact avait creusé un trou dans la paroi. Une équipe de petits techniciens habiles avait réparé le dégazage de quelques centimètres de diamètre au quart de tour. Des petits clones nerveux nettoyaient le sol et aspiraient les traces de roc. Sur une paroi blindée, un roc était fiché dans le métal. De taille modeste, il faisait l’objet de vives conversations dans le couloir voisin. Les scientifiques en charge de la vie première voulaient l’étudier. Il fut décidé d’un commun accord de découper un rectangle dans la paroi blindée.
Les scientifiques emportèrent le roc sur un petit chariot, ravis de cette nouvelle moisson de données à explorer.
Des clones habiles, aidés de Galmols énergiques, positionnèrent un parement neuf en quelques minutes. La réparation était quasi invisible.
Chacun de nous entra dans la salle où s’était tenu le combat et murmura des prières suivant l’usage. L’espace alentours était visible à travers le vitrage, et je frémis au spectacle fascinant des arches stellaires. Les techniciens en charge des impacts avaient déjà remplacé plusieurs épaisseurs de blindages, mais de manière si parfaite que personne ne savait où l’astéroïde était entré.
Amoni prépara un breuvage apaisant pour tous ceux qui avaient protégé nos vies ce jour là. Il cherchait le blessé principal et les experts lui indiquèrent qu’il était à l’étage du dessous.
Nous nous sommes précipités, assez déroutés par un nombre incroyable de jeunes techniciens frêles occupés à sonder l’intégralité du vaisseau avec des perches magnétiques. Dans une salle à l’écart, un jeune Ilstirr était étendu sur un lit, et le second capitaine du vaisseau le félicita pour son courage.
L’officier était blessé à la jambe où des débris de roc l’avaient percuté. La plaie était impressionnante, mais guérirait rapidement, le rassura Amoni. Un jeune laborantin nettoyait la blessure. Ensuite, Amoni y appliqua une grande quantité de résine cicatrisante. Le petit clone aux longues mains fines retira des débris de la jambe du jeune Ilstirr. Ces derniers ressemblaient à des échardes de métal.
- Comment vous sentez-vous ? demanda Amoni.
- Mieux, fit le jeune alien. Je suis navré que le déflecteur ait laissé passé ce roc. L’angle de protection de ce miroir était insuffisant.
- Cela n’est pas de votre fait, répondit Amoni avec douceur.
- J’aurais dû m’en rendre compte avant le combat.
- La sonde de surveillance de cette partie du vaisseau était mal calibrée. Soyez rassuré, tout est en train d’être vérifié. Cette attaque a permis de révéler certaines failles et d’y remédier, dis-je au blessé. Rien n’arrive par hasard.
- Pourrais-je recevoir un breuvage pour me prémunir d’une maladie inconnue ? hésita le blessé.
- Oui, bien sûr, si cela peut vous rassurer. Vous avez déjà été purifié et sondé à trois reprises. Votre organisme est en parfaite santé. Tout est en ordre, vous pouvez vous reposer à présent, fit Amoni en lui tendant un verre empli de suc guérisseur concentré.
Nous sommes sortis de la pièce à cet instant, car la famille du jeune blessé arrivait.
- Existe-t-il d’autres blessés ? demanda Amoni au second capitaine du vaisseau.
- Non, en aucune manière. Nous n’avons détecté que deux impacts. Le deuxième n’a pas fait de victimes, répondit une grande alien Kolal. Heureusement. Les dommages sont en cours de réparation.
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Texte partagé par les Chroniques d'Arcturius - Au service de la Nouvelle Terre