Pourquoi le « mental » est-il une telle source de terreur (mentale, bien sûr) ?

Dans la culture indienne, les yoginîs sont des sortes de fées ou de sorcières ambivalentes. Capables du meilleur comme du pire, elles prennent toutes les formes et se manifestent souvent pour tromper les hommes ou prendre possession des enfants et des femmes enceintes.

Mais ces énergies sont aussi nos énergies corporelles et mentales.
Les Aphorismes révélés par Shiva (Shiva-sûtra) en parlent d’emblée :

La connaissance est un lien. I, 2

Quelle connaissance ? Jnâna désigne non pas n’importe quelle connaissance, mais la croyance ou plutôt le sentiment d’être incomplet. Ce sentiment est plus fondamental que le mental, le sixième sens. C’est une sorte d’instinct de manque, racine de tous les désirs. C’est l’oubli, instant après instant de la plénitude intérieure. C’est aussi le prix de l’individualité.

Mais ce sentiment se manifeste dans le mental. Or le mental est inséparable du bavardage mental. Si nous n’avions pas de langage, ce sentiment de manque, d’impuissance, ne pourrait se développer. A remarquer qu’ici, « langage » désigne aussi les langages non-humains, ceux des animaux et des dieux. Ce sont des énergies capables de créer des objets imaginaires en découpant la réalité, en la fragment avant de jouer avec, un peu comme avec des Légos.
Les sûtras suivant révèlent la nature de ces énergies redoutables :

La famille des mères est l’incarnation des énergies créatrices. I, 3

Les mères sont les énergies mentales. Comme le mental est le langage et que le langage est fondé sur les sons, cette « famille » (varga) est faite des sons de l’alphabet. Ici cela désigne l’alphabet sanskrit, « parfait », achevé, complet, source dont sont dérivés tous les autres alphabets. Mais peu importe. L’essentiel à retenir est que la langue « maternelle » est notre matrice, la créatrice de notre monde et de notre subjectivité incarnée. Elle est notre « famille » (kula), notre corps énergétique qui façonne notre personnalité.

Il est dit ailleurs que la langue engendre nos pensées (vikalpa).

Elle est ainsi la véritable (sadbhâva) mère (mâtâ) de l’individualité (pramâtâ). Tout cela est plein de jeux de mots difficiles à rendre, mais le sens est clair. Mâtri-sadbhâva, la Déesse-Parole, est la véritable Mère, mâtâ, du sujet, de la personne (mâtâ aussi en sanskrit).

Ce bavardage créateur est notre véritable « famille » (kulavarga), celle qui crée et agence nos croyances. La Parole est la Matrice du sujet (factice) et de l’objet, le monde relatif à ce sujet, car il existe bien sûr différents niveaux de subjectivité, de conscience, avec les mondes correspondants. La personnalité qui rêve n’est pas la même que celle qui se réveille. Mais tout cela est forgé par la Parole, par la Shakti, par la conscience, connue habituellement sous le nom de « mental ».

Le mystère que nous sommes possède le pouvoir de liberté, le pouvoir de se tromper soi-même, c’est-à-dire la conscience, Mâyâ, Shakti, le Frémissement, le Désir, la Vague, le mental, le corps : différents aspects d’une même créativité.

Et ces énergies sont redoutables. Le bavardage mental nous aliène, l’imagination nous emporte au loin, nous rend comme étrangers à nous-mêmes. Le jeu de ces yoginîs, de cette Shakti, est alors la Grotte (guhâ), le Noeud (granthi), le Lien (bandha), la Prison (kancuka) que nous prenons pour la réalité. Telle est la véritable Matrice de notre monde (jagat-yoni).

Mais cette énergie charnelle et aussi bien mentale et verbale est liberté, notre absolue liberté.

Incomprise, elle est source de souffrance.
Reconnue, elle est liberté, extase, joie.

Une seule énergie, immature, est limitation.
Eveillée, réveillée, parvenue à maturité, elle est libre créativité, félicité.

Le fondement de l’expérience limitée, de la connaissance mentale limitée, est la Matrice, c’est-à-dire la Parole :

La source de la connaissance (limitée) est la Matrice. I, 4

La Matrice est la Parole, c’est-à-dire la subjectivité, c’est-à-dire le mental. Et aussi bien, le corps, le bouillonnement des énergies charnelles.

Ainsi, les yoginîs sont nos énergies.

Si on s’identifie seulement à leurs créations, alors nous sommes leur esclave.

SI nous nous reconnaissons comme leur source, alors nous sommes leur maîtresse et le jeu du mental devient notre libre jeu créateur. Les énergies, domptées, deviennent nos pouvoirs.

Tout dépend de la reconnaissance de la source du mental.

La personne, libre des masques des personnages, peut alors redevenir ce qu’elle est. Elle peut réaliser son destin de fille, de fils de Shiva et Shakti.

[Source] https://shivaisme-cachemire.blogspot.com/


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Texte partagé par les Chroniques d'Arcturius - Au service de la Nouvelle Terre