Par Sa Sainteté le Dalaï Lama

LA PRATIQUE DE L’ÉTHIQUE

Dans le contexte de leur premier refuge en Bouddha, au cours des étapes qui mènent à l’illumination dans leur communauté spirituelle, les bouddhistes s’engagent à vivre selon l’éthique. Le refuge est la base de la pratique de l’éthique. Bouddha nous apprend comment échapper à la souffrance et aux limites de notre nature, mais le refuge principal, la source de protection, se trouve au cours des étapes qui mènent à l’illumination à laquelle on parvient en pratiquant l’éthique, la méditation et la sagesse. Les écrits bouddhistes recommandent que l’on dissimule ses qualités et ses bonnes actions comme une lampe au cœur d’un vaisseau. Il ne faut pas en faire état à moins qu’une raison majeure ne l’exige. Est considéré comme une infraction mineure des vœux monastiques que celui ou celle qui parvient à l’illumination l’avoue à quelqu’un. Si tel est le cas, il est difficile de déterminer quel stade de l’expérience mystique a atteint le religieux. Il m’est arrivé pourtant de rencontrer bien des gens parvenus à un extraordinaire développement spirituel.

Il y avait dans mon monastère de Namgyel un moine qui n’avait pas suivi une formation classique, et qui m’a suivi du Tibet en Inde, vers 1980. Puisque nous nous connaissions, nous bavardions tranquillement. Un jour, il m’a raconté que, alors qu’il était dans un goulag communiste chinois – pendant presque dix-huit années -, il a dû en différentes occasions affronter des dangers. Lorsque je lui ai demandé : « Quels dangers ? » il m’a répondu : « Le danger de perdre ma compassion envers les chinois. » Il considérait cela comme un danger ! La plupart d’entre nous serions fiers de raconter aux autres notre colère, et de faire figure de héros.

Un lama de la tradition Drukpa Kagyu et moi-même étions proches. Nous nous rencontrions fréquemment et nous avions l’habitude de plaisanter, en nous taquinant l’un l’autre. Une fois je l’ai interrogé au sujet de son expérience spirituelle. Il m’a dit que, lorsqu’il était jeune, il demeurait avec son lama qui l’avait incité à pratiquer cent mille prosternations aussi bien le Bouddha, sa doctrine, que devant la communauté spirituelle. Très tôt le matin et tard dans la soirée, il devait exécuter ses prosternations sur une plate-forme basse, de la longueur de son corps. Son lama méditait dans le noir, dans la pièce voisine ; lui se contentait souvent de donner un coup sec d’une phalange sur la plate-forme, pour lui faire croire qu’il se prosternait. Des années plus tard, après la mort de son lama, il suivait une retraite, en méditant dans une grotte, lorsqu’il se souvint de la grande bonté de son lama envers lui, durant ses années d’apprentissage. Il versa alors toutes les larmes de son corps. Il s’en évanouit presque mais connut l’illumination de la claire lumière, qu’il continuait à revivre. Après de féconde méditation, il lui arrivait parfois de se souvenir de ses vies antérieures qui lui apportaient des pensées stimulantes.

Ces récits de première main m’ont inspiré. De sérieux pratiquants aujourd’hui se tournent vers la bouddhéité. Rencontrer de telles personnes nourrit notre inspiration et notre courage. Grâce à elles, l’enseignement prend vie. Ainsi, la communauté spirituelle offre-t-elle des modèles aux disciples qui leur permettent de voir loin et qui peuvent aider à atteindre le refuge.

Ces éléments, le Bouddha, les étapes qui mènent à la Voie, la réalisation spirituelle et les doctrines qui en enseignent les données comme la communauté elle-même, forment autant de facteurs qui offrent les plus grandes opportunités pour mettre fin à la souffrance que vous endurez. Un bouddhiste ne leur demande pas de garantir le bonheur. Le bonheur vient plutôt lorsqu’on met la doctrine en pratique. Bouddha donne le refuge – comment pratiquer la doctrine – mais la responsabilité essentielle réside en votre implication personnelle. Pour atteindre un éventuel état spirituel dépourvu de souffrance et qui échappe aux limites humaines, nous avons besoin de nous engager dans la pratique suivante :

1. Identifiez les dix non-vertus (article 2) ;
2. Mettez un nom sur les dix vertus (qui sont les opposées des précédentes) ;
3. Abandonnez les premières et adoptez les autres ;

Moines Bouddhistes

Les niveaux de pratique de l’éthique qui mènent à la réalisation spirituelle

La capacité qu’on les gens de respecter leur vœux est variable. C’est pourquoi Bouddha a décrit différents niveaux de la pratique de l’éthique. Pour parvenir à la réalisation spirituelle, il existe :

- Ceux qui mènent une vie familiale à la maison plutôt que dans un monastère.

- Ceux qui ont quitté le foyer pour devenir nonne ou moine.

– Si vous êtes capables de garder la chasteté pendant la durée de votre vie, vous pouvez quitter votre demeure et prononcer des vœux monastiques.

- S’il vous est impossible de rester chaste mais que vous ayez l’intention de prononcer vos vœux, vous pouvez prononcer des vœux laïques soit pour une vie entière, soit pour un jour seulement.

Les bienfaits de l’éthique

Il existe bien des points communs propres à la vie monastique dans toutes les religions : la simplicité, la dévotion grâce à la prière et à la méditation, et le service des autres. Le clergé chrétien est particulièrement efficace dans les domaines de l’éducation, de la santé et du service social. Les moines bouddhistes ont beaucoup à apprendre de ces traditions chrétiennes. S’attacher à l’éthique vers la réalisation spirituelle, que l’on soit moine ou laïc, procure de la satisfaction. Par exemple, les moines suivent une diète limitée : un petit déjeuner léger, un déjeuner, c’est tout. Ils n’ont aucun droit d’exiger : « Je voudrais ceci ou cela. » Quoi qu’on leur offre, lors de leurs tournées quotidiennes de mendicité, ils sont tenus de l’accepter. Les moines bouddhistes ne sont pas nécessairement végétariens. Ils prennent ce qu’on leur offre. Cela correspond à l’apprentissage du contentement de se nourrir, ce qui a pour effet de leur retirer toute inquiétude quant à leur menu. Les laïcs peuvent faire preuve d’émulation en ne réclamant pas de plats particuliers.

Si vous disposez d’une certaine fortune, il vous est impossible de consommer plus que les malheureux, sauf à votre propre détriment. Riche ou pauvre, on a le même estomac.

En ce qui concerne les vêtements, moines et nonnes n’ont qu’un jeu de robes. Peu en possèdent plus d’une. S’il en faut une en supplément, il ou elle doit la demander avec sa bénédiction à un autre moine, en gardant à l’esprit que cette nouvelle tenue appartient à l’autre personne. Nous n’avons pas le droit de porter des vêtements de prix. Avant l’invasion des communistes chinois, il arrivait parfois que des moines ou des nonnes se complaisent dans des vêtements de luxe, ce qui était un symbole de corruption et d’illusion personnelle. (D’une certaine manière, les communistes chinois nous ont rendu service en nous débarrassant de ces signes de corruption.) Limiter sa garde-robe correspond au contentement de se vêtir. Les laïcs peuvent suivre cet exemple en choisissant des tenues modestes. Il en va de même pour les accessoires. Porter plus d’une bague à chaque doigt est exagéré. Croire qu’on se valorise en dépensant des fortunes en repas, vêtements luxueux ou autres signes extérieurs de richesse, simplement parce qu’on a de l’argent, est une erreur. Mieux vaut en dépenser davantage pour la santé et l’éducation des plus démunis. Il ne s’agit pas ici de socialisme en tant que concept mais de compassion volontaire.

Il est essentiel que les moines se contentent également d’un abri adéquat. Un logement trop bien équipé n’est pas autorisé. Il s’agit d’acquérir le contentement de se loger. Les laïcs qui ont prononcé leurs vœux peuvent adopter ce mode d’existence en restreignant leur quête dévorante pour une demeure de luxe, mobilier et décoration compris.

Analysez votre attitude par rapport aux repas, aux vêtements et au logement que vous habitez. Si vous parvenez à réduire votre avidité, vous parviendrez à une certaine satisfaction. L’énergie que vous économiserez s’emploierait utilement à la méditation comme à résoudre vos problèmes. Elle correspond à la quatrième et à la troisième nobles vérités. Ainsi la satisfaction forme-t-elle une base. L’action qui en résulte a pour nom : apprécier la méditation et l’abandon.

Mieux vaut se restreindre sur le plan matériel. Ceux qui en sont prisonniers ignorent le monde spirituel qui, lui, est infini.

S’il est vrai qu’un insatisfait qui possèderait le monde entier peut avoir envie de devenir propriétaire d’un centre touristique sur la lune, la vie de cette personne est limitée comme le sont ses biens. Mieux vaut se satisfaire au commencement. La compassion et l’altruisme n’ont aucune limite et nous ne devons pas accepter de rester fixés au degré que nous avons atteint.

Pourquoi raisonnons-nous à l’opposé ? Dans le domaine spirituel, nous nous contentons d’une faible pratique et de légers progrès, tandis que d’un point de vue matériel nous en voulons toujours plus. Ce devrait être l’inverse. Chacun a besoin d’y songer, moine ou laïc.

Pratiquez l’éthique de la réalisation spirituelle permet de développer les facultés mentales et l’introspection. Si un moine ou une nonne est sur le point de commettre certains actes répréhensibles, même en rêve, il ou elle doit en prendre conscience. « Je suis un moine / une nonne. Il ne faut pas que j’agisse ainsi. » Les facultés mentales procèdent d’une conscience hautement développée des paroles et des actions qui se manifestent même dans les rêves. Si vous aiguisez votre vigilance, même au moment des repas, assis ou debout, ou durant vos activités, vos facultés mentales s’accroîtront.

La pratique de l’éthique en vue d’une réalisation spirituelle alimente la tolérance et la patience. Bouddha a dit que la patience est la forme la plus élevée de l’ascétisme et que, grâce à elle, on peut atteindre le nirvana. Pour les moines et les nonnes, il faut cultiver quatre variantes de patience et de tolérance.

- Si quelqu’un vous bouscule, vous devez faire preuve de tolérance et de patience.
- Si on est violent à votre égard, ne montrez aucun signe de colère.
- Si quelqu’un vous frappe, vous ne devez rendre aucun coup en retour.
- Si quelqu’un vous dérange et vous insulte, ne lui répondez pas.

Ces exercices entraînent à la patience. Une personne qui aurait quitté par vocation son foyer et qui en blesserait une autre ne suit pas un processus convenable. Au Tibet, on colportait des histoires de moines qui auraient même participé à des combats, bien que l’enseignement de Bouddha précise qu’un moine ou une nonne ne saurait faire du mal à une autre personne.

La pratique spirituelle ne relève pas des biens matériels, nourriture, vêtements et le reste, mais doit faire évoluer nos cœurs et nos esprits. « Le véritable changement se produit à l’intérieur, laissez l’extérieur où il est. » Si votre comportement reflète un cœur et un esprit améliorés, c’est bien. Si vous soulignez vos progrès spirituels pour obtenir des dons, par exemple, c’est hypocrite.

Pratiquer le bouddhisme signifie transformer votre comportement. Les exercices des moines peuvent être insérés dans la vie d’un laïc grâce à une forte prise de conscience qui parviendrait à l’empêcher de blesser les autres en paroles ou en actions. Cela nécessite une patience qui permette de résister à des attaques physiques ou verbales. Une approche graduelle vaut beaucoup mieux que d’essayer de franchir l’obstacle trop haut et trop tôt. On courrait un danger et un grand risque. Pour l’instant, participez à la vie sociale et suivez l’enseignement. Lorsque vous aurez acquis un certain niveau d’expérience, il vous sera possible de pratiquer avec d’avantage d’énergie vos exercices si vous êtes moine. Il faut les suivre pas à pas. En général, mon conseil aux débutants consiste à leur recommander la patience et à exiger peu de performances. Mieux vaut demeurer un honnête citoyen ou un bon représentant de la communauté humaine plutôt que de saisir ou non des idées profondes. Quelle que soit votre position à l’heure actuelle, il est d’abord essentiel d’être un homme ou une femme de bien. Ce serait une erreur que de négliger un but élevé pour un objectif médiocre. Analysez votre présent et le long terme comme des gains temporaires qu’il faut adapter aux besoins de l’environnement sur le long terme.

J’aime à dire que l’essence de l’enseignement du Bouddha se trouve en ces deux dictons :

Si c’est possible, aidez les autres.
Si ce n’est pas possible, évitez au moins de leur faire du mal.

Se retenir de blesser les autres est l’essence même du stade initial que doit vivre celui qui a l’intention de suivre les enseignements de l’éthique.

Méditation

Sommaire pour une pratique quotidienne

1. Examinez votre intérêt pour la nourriture, vos vêtements, et votre intérieur. Adaptez à votre vie laïque l’exercice monastique du contentement. Prenez l’habitude de vous satisfaire de repas, d’habits et d’un logement simples. Vous gagnerez du temps que vous pourrez utiliser à la méditation, ce qui vous permettra de résoudre d’autres problèmes.

2. Combattez vos tendances à la méchanceté en paroles ou en actions. Peu importe si l’on vous critique, vous insulte ou vous injurie, si l’on vous bouscule ou si l’on vous frappe.

Comment Pratiquer le bouddhisme.

Sa Sainteté Le Dalaï Lama

Source : https://www.facebook.com/pg/BouddhaBouddhisme


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Texte partagé par les Chroniques d'Arcturius - Au service de la Nouvelle Terre