La station spatiale chinoise Tiangong-1 devrait faire une rentrée non contrôlée dans l’atmosphère entre le 31 mars et le 1er avril 2018. Est-ce dangereux pour les populations ? Un événement à suivre ici en direct.
Faut-il craindre de recevoir un bout de station spatiale chinoise sur la tête ? Depuis que l’administration chinoise a annoncé, fin 2016, avoir perdu le contrôle de sa station Tiangong-1, les questions se multiplient. Quand et où va-t-elle tomber ? Y a-t-il un danger pour les populations ? Le 30 mars 2018, le bureau des débris spatiaux de l’agence spatiale européenne (ESA) a mis à jour ses prévisions pour la chute de Tiangong-1 : » La fenêtre de rentrée estimée va de la nuit du 31 mars à la fin de l’après-midi du 1er avril. » Les experts ont aussi une vision claire du déroulé de la chute. Ci-dessous, pour suivre l’événement en direct :
La chute de Tiangong-1 permet de préparer celle de l’ISS qui doit intervenir dans les années 2020
Cette station inoccupée depuis 2013 a une masse de 8,5 tonnes. Elle croise actuellement à moins de 200 km d’altitude et perd quelques 20 km d’altitude par jour. Faute de propulseur opérationnel pour la remonter sur son orbite, elle poursuit une descente incontrôlée depuis septembre 2016 (pour savoir où elle se trouve en ce moment : Satflare). La rentrée aura lieu entre 43ºN et 43ºS (où se trouvent notamment l’Espagne, le sud de la France, le Portugal, la Grèce, etc., ainsi que de nombreuses autres régions et continents ; voir carte ci-dessous). Toutefois, indique l’ESA, la probabilité que la rentrée se produise aux latitudes de 42,8 degrés Nord et 42,8 degrés Sud est plus élevée qu’à l’équateur. Mais à aucun moment, une prévision précise de l’heure ou de l’emplacement de la rentrée ne sera possible. Ces prévisions dépendent en effet de l’intensité du flux solaire : une activité solaire intense entraînera en effet plus de frottements et une descente plus rapide. De plus, le comportement en rotation de la station sur elle-même modifie la surface de frottement. Soit deux facteurs impossibles à prévoir avec précision. Enfin, le comportement des divers éléments lors de la dislocation est impossible à prévoir.
Carte de la zone de rentrée potentielle de Tiangong 1. © ESA/ESOC
Pas de panique pour autant, car la plupart des éléments de la station brûleront en chutant à grande vitesse dans l’atmosphère, échauffés par les frottements entre l’objet et les molécules atmosphériques concentrées entre 0 et 100 km d’altitude. Néanmoins, entre 10 et 20% de la structure, notamment les moteurs et réservoirs, conçus pour résister aux hautes températures, pourraient toucher terre. Ou plus probablement sombrer dans l’océan, qui recouvre 70% du globe. On ne saura prévoir leur trajectoire que quelques heures avant la rentrée atmosphérique de Tiangong-1. Le danger n’est toutefois pas plus grand que pour nombre d’autres satellites de la même taille… Et sur les quelque 25000 rentrées atmosphériques (dont celle de la station russe Mir, 120 tonnes) qui se sont produites par le passé, aucune n’a jamais causé d’accident majeur. Les deux rentrées atmosphériques non-contrôlées les plus édifiantes sont celles de la station russe Salyout 7 (40 tonnes) et de Skylab (74 tonnes), la première petite station spatiale américaine. La première, qui entra dans l’atmosphère le 7 février 1991, se disloqua au-dessus de l’Argentine et des débris tombèrent notamment sur la ville de Capitan Bermudez. La seconde fit pleuvoir un nuage de débris, le 11 juillet 1979, sur la petite ville d’Esperance en Australie, qui sanctionna le dépôt d’ordures non autorisé par une amende de 400 dollars à l’encontre des Etats-Unis. Il n’y eut cependant aucune victime à déplorer. Seule » victime » connue à ce jour, Lottie Williams, une Américaine de l’Oklahoma qui a reçu un léger débris sur l’épaule en 1997.
Tiangong-1 est la première station spatiale chinoise, lancée le 30 septembre 2011 depuis la base spatiale de Jiuquan dans le désert de Gobi. Ce cylindre de 10 mètres de long sur 3 mètres de large se compose d’un module d’expérimentation, zone de vie et de travail pour trois taïkonautes, et d’un module de ressources qui fournissait l’énergie via ses deux panneaux solaires et ses moteurs. La station a servi de laboratoire spatial expérimental, mais son objectif premier était, pour les Chinois, d’apprendre à maîtriser les manœuvres de rendez-vous et d’amarrage orbital. Elle a donc été visitée par trois missions Shenzhou, dont une automatique et deux habitées en 2012 et 2013. Elle aurait ensuite servi comme station automatique de surveillance des océans, des forêts et lors des inondations. Jusqu’à fin décembre 2015, Tiangong-1 a régulièrement allumé ses moteurs pour se maintenir à environ 350 km d’altitude, contre 400 km pour la station spatiale internationale (ISS). Puis, à partir de l’automne 2016, sans cette aide commandée à distance par les contrôleurs chinois, elle a perdu régulièrement de l’altitude, en raison des frottements avec les rares molécules qui demeurent en orbite basse.
Entrée du premier équipage chinois dans la station Tiangong 1.
La rentrée atmosphérique de Tiangong-1 intéresse au plus au point l’ESA, mais aussi le réseau de surveillance spatiale des Etats-Unis et d’autres agences spatiales. Car cela permettra de préparer celle de l’ISS, qui va intervenir dans les années 2020. Mais l’événement sera bien plus complexe, la station internationale ayant une masse de 400 tonnes et une envergure de 109 mètres ! Grand spectacle garanti.
Source: https://www.sciencesetavenir.fr/
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Texte partagé par les Chroniques d'Arcturius - Au service de la Nouvelle Terre