Depuis longtemps, les chercheurs scrutent les étoiles à la recherche d’autres formes de vies intelligentes. Deux scientifiques ont finalement revu les fondements de cette quête. Ils se sont tournés vers le passé avec une question en tête : sommes-nous vraiment la première civilisation à avoir existé sur notre planète?
Les chercheurs ont publié leurs travaux spéculatifs dans l’International Journal of Astrobiology, sous le nom de « L’hypothèse silurienne », en référence à un épisode de la série britannique Dr Who, où les personnages croisent des membres d’une ancienne civilisation reptilienne.
Initialement, l’objectif des auteurs de cet article était d’explorer différentes façons de détecter la vie intelligente sur des exoplanètes.
Adam Frank, astrophysicien de l’Université de Rochester, croyait que l’étude des changements climatiques rapides aurait pu être un bon point de départ. Selon lui, d’autres civilisations ont peut-être vécu la même crise environnementale que celle vécue en ce moment sur Terre, et une telle analyse aurait pu servir de marqueur pour les repérer.
Toutefois, une question posée par Gavin Schmidt, spécialiste du climat et directeur de l’Institut Goddard pour les études spatiales de la NASA, a radicalement changé la trajectoire de leur réflexion. Qu’est-ce qui nous dit que notre civilisation est la seule à avoir existé sur Terre?
Plusieurs bouleversements climatiques dans le passé de notre planète ont certaines similarités avec les changements vécus actuellement, bien que l’échelle de temps soit complètement différente. Par exemple, il y a 55 millions d’années, il y a eu le maximum thermique du Paléocène-Éocène, une période de 200 000 ans pendant laquelle la température a augmenté de 8 degrés Celsius.
Bien sûr, cet événement avait des causes naturelles et ce qui se passe en ce moment sur Terre est beaucoup plus rapide. Mais si on voulait évaluer la présence d’une hypothétique civilisation industrielle à cette époque, comment pourrait-on s’y prendre? Est-ce qu’une autre civilisation aurait vraiment pu laisser des traces géologiques et climatiques sur la Terre avant de disparaître?
Une survie difficile
Quand on y pense sérieusement, cette problématique est extrêmement difficile à résoudre. Elle force aussi à se demander ce qui resterait de l’humanité si celle-ci venait à disparaître.
La réponse risquerait d’être : rien…
Ni monuments ni villes ne pourraient survivre. Les mouvements des plaques tectoniques, l’activité volcanique ou encore l’érosion par la pluie ou le vent réduiraient tout en poussière en quelques millénaires.
Si on regarde la surface de la Terre, le plus vieux territoire exposé à l’air libre est le désert du Néguev en Israël, un endroit vieux de 1,8 million d’années. On a déjà retrouvé des roches vieilles de milliards d’années, mais en ce qui concerne les étendues de territoire, il n’y a rien de plus vieux.
Les ruines de métropoles, présentes dans tant de films postapocalyptiques, seraient donc rapidement effacées de la surface de la Terre.
Difficile d’utiliser les fossiles pour retrouver des traces d’une espèce provenant d’une ancienne civilisation, puisque la quantité de formes de vie qui se fossilisent est infime.
Les dinosaures ont existé pendant plus de 100 millions d’années et seulement quelques milliers de spécimens complets ont été retrouvés. L’humanité, elle, existe depuis 300 000 ans et serait très facile pour d’hypothétiques géologues du futur de la découvrir.
Les déchets comme indicateurs
Par contre, nous aurions plus de chance avec nos déchets. L’aluminium, les métaux rares que nous utilisons dans nos appareils, le plastique et nos résidus radioactifs formeraient une couche dans le sol facilement détectable et qui n’existe nulle part ailleurs dans la nature.
L’agriculture intensive nécessaire pour soutenir la population utilise beaucoup d’engrais et laisserait des traces importantes d’azote à l’échelle géologique.
L’indicateur le plus important d’une civilisation est son besoin en énergie. Dans le cas de l’humanité, cet indicateur prend la forme du dioxyde de carbone. Tout le pétrole brûlé va, à la longue, s’imprimer dans les sédiments. Ayant une composition chimique différente de celui présent naturellement dans le sol, ce pétrole serait une preuve qu’il a été modifié de façon artificielle.
Pour les chercheurs, c’est ce genre de traces qui permettrait de détecter des civilisations industrialisées.
Ces indices restent toutefois fondamentalement humains, et rien n’indique qu’une autre civilisation terrestre aurait eu le même talent pour le gaspillage et la pollution. Une civilisation plus écologiste laisserait encore moins de traces, la rendant encore plus difficile à découvrir dans les couches géologiques.
Bien qu’on n’ait jamais trouvé de tels indices sur Terre avant l’arrivée des humains et que les chercheurs savent que leur travail n’est que de la spéculation, le sujet demeure intrigant et mérite réflexion.
La difficulté de trouver des traces fiables d’une civilisation disparue montre aussi à quel point notre civilisation n’est qu’un point insignifiant sur l’échelle du temps.
Un texte de Renaud Manuguerra-Gagné
Source: https://ici.radio-canada.ca/
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Texte partagé par les Chroniques d'Arcturius - Au service de la Nouvelle Terre