3 pistes de 8 minutes, composées spécialement pour les grands prématurés, ont permis un développement cérébral plus proche des enfants nés à terme, d’après une nouvelle étude suisse.
Aider au développement du cerveau des grands prématurés grâce à une musique composée spécialement pour cela, c’est la nouvelle prouesse scientifique de l’Université de Genève (UNIGE) et des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) publiée dans la revue PNAS.
Les grands prématurés, victimes pour moitié de troubles neurodéveloppementaux
Si la très grande majorité des quelques 2.500 très grands prématurés (nés avant la fin du 6e mois de grossesse) nés chaque année en France survit de nos jours, la moitié pourra présenter cependant des troubles d’origine neurodéveloppementale, notamment de l’apprentissage, de la concentration ou de la gestion des émotions. « A leur naissance, le cerveau de ces bébés est encore immature. Le développement cérébral doit donc se poursuivre aux soins intensifs, en couveuse, dans des conditions bien différentes de celles du ventre de leurs mères« , explique dans un communiqué Petra Hüppi, médecin-cheffe du Service de développement et croissance des HUG, qui a dirigé ces travaux. « Cette immaturité cérébrale, alliée à un environnement sensoriel perturbant, explique le fait que les réseaux neuronaux ne se développement pas normalement« .
Ces déficits neuronaux sont notamment dus à des stimulations inattendues et stressantes – les portes s’ouvrent et se ferment, les alarmes se déclenchent, etc. – et à un manque de stimulations adaptées à leur fragilité. Contrairement au bébé né à terme qui, tout au long de son séjour in utero, ajuste son rythme à celui de sa mère, le prématuré aux soins intensifs ne peut ainsi que difficilement développer le lien entre la signification d’un stimulus dans un contexte précis. « Le réseau le plus atteint est le réseau dit ‘de saillance’ qui détecte les informations et en évalue la pertinence à un moment précis, pour faire ensuite le lien avec les autres réseaux cérébraux qui doivent agir. Ce réseau est essentiel, tant pour l’apprentissage et l’exécution des tâches cognitives que dans les relations sociales ou la gestion des émotions« , explique la chercheuse Lara Lordier, qui a participé au projet.
3 pistes sonores spécialement composées pour accompagner la journée des prématurés
Pour prévenir ces troubles, les chercheurs ont donc eu l’idée d’aménager leur environnement avec des stimuli agréables et structurants. Le système auditif étant fonctionnel précocement, la musique semblait un candidat idéal, en plus d’être une méthode peu coûteuse et facile à mettre en place. De plus, un certain nombre d’études sur les effets de la musique sur les grands prématurés ont montré entre autres des effets stabilisants sur les fréquences cardiaque et respiratoire, une amélioration de l’alimentation et une augmentation du gain de poids. « Nous avons rencontré, un peu par hasard, le compositeur Andreas Vollenweider, qui avait déjà mené des projets musicaux avec des populations fragiles et qui s’est montré très intéressé par créer une musique adaptée aux enfants prématurés« , raconte Petra Hüppi.
3 pistes sonores ont ainsi été conçues pour « structurer la journée avec des stimuli plaisants présentés à des moments adaptés : une musique pour accompagner l’éveil, une pour accompagner l’endormissement et une pour interagir durant les phases d’éveil« , Lara Lordier. Pour réaliser ce projet, Andreas Vollenweider a testé la réaction des petits patients à différents instruments en présence d’une infirmière spécialisée en soin de soutien au développement. « L’instrument qui a engendré le plus de réactions était la flûte indienne des charmeurs de serpents« , appelée « punji », se souvient Lara Lordier, « des enfants très agités se calmaient presque instantanément, leur attention était attirée par la musique !« . Les 3 morceaux de huit minutes chacun, sont ainsi émaillés de sons de punji, de harpe et de clochettes.
La vidéo ci-dessus contient des extraits de ces pistes musicales. Vous pouvez aussi télécharger et écouter une de ces musiques en cliquant sur ce lien.
Des connexions cérébrales beaucoup plus actives et proche de celles d’un enfant né à terme
Les nourrissons prématurés ont été exposés à ces musiques cinq fois par semaine à partir d’un âge gestationnel de 33 semaines, jusqu’à leur sortie ou l’atteinte de l’âge du terme. Leurs examens par IRM fonctionnelle ont ensuite été comparés à ceux de nourrissons prématurés et à terme non exposés à la musique pour évaluer la connectivité fonctionnelle dans le cerveau. Résultat, sans musique, les prématurés avaient de manière générale une connectivité fonctionnelle entre les aires du cerveau moins bonne que les bébés nés à terme.
En revanche, les réseaux neuronaux des enfants ayant entendu la musique d’Andreas Vollenweider se sont trouvés améliorés de manière significative : les connexions entre le réseau de saillance et le cortex auditif, le cortex sensorimoteur ou encore le cortex frontal étaient en effet beaucoup plus actives et proche de celles d’un enfant né à terme. « L’enrichissement auditif de l’environnement de l’unité de soins intensifs néonatals a eu des effets durables sur le développement du cerveau« , concluent les auteurs dans la publication, « cependant, des recherches plus poussées sont nécessaires pour comparer ces interventions musicales à d’autres interventions sonores, telles que la voix parlée ou chantée d’un des parents« .
6 ANS. Aujourd’hui âgés de 6 ans, les anciens bébés prématurés exposés à la musique vont être revus par les médecins. Des évaluations cognitive et socio-émotionnelles complètes permettront d’observer si les résultats positifs mesurés lors de leurs premières semaines de vie ont perduré
[Source] https://www.sciencesetavenir.fr/
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Texte partagé par les Chroniques d'Arcturius - Au service de la Nouvelle Terre