Message du Guérisseur Ektazzo
Je viens de nouveau, en ces temps, que vous trouvez chargés de nuages. Cela est à tort, chers amis, croyez-moi. Moi qui suis un rescapé du monde gris, je puis vous dire que vos cieux sont bien plus souriants que les nôtres à une époque pas si lointaine.
Je suis là pour vous insuffler du courage. Il nous fallut toute notre foi et notre persévérance, pour nous extirper de ces lieux de l’aridité du cœur, où nous avions été plongés par nos dirigeants perfides, qui ne désiraient voir jaillir nul bonheur en nous.
Toujours étions-nous absorbés de l’étude d’une chose, de la science. Comprendre les causalités suprêmes de la vie était notre passe temps favori.
Cela ne faisait que nous masquer l’ampleur de la noirceur où nous étions parvenus.
Votre monde, contrairement au mien, sait à quel point il lui faut faire d’efforts pour regagner une situation plus louable.
J’aimerai que vous voyez où je me tiens présentement. Vue de l’espace, la Terre est environnée de lumière. Il y a d’abord la lumière solaire, et puis celle émise par la planète elle-même au niveau des vortex Nord et Sud, ainsi que par vos cœurs, évidemment.
Vous pouvez avoir l’impression que vos corps n’éclairent pas. Pourtant une intense énergie vous entoure, vous anime et vous relie les uns aux autres, à vos guides, puis à nous, les peuples stellaires qui sommes vos amis.
Je vois une immense baie vitrée d’au moins 5 mètres de haut, avec un doux crépuscule bleuté. La Terre est là, bleu sombre et sillonnée de panaches blancs. Une lumière étincelante surmonte sa surface, son atmosphère. Le soleil est caché, juste derrière, et l’on voit des sortes de panaches rosés et dorés qui l’entourent, un peu comme un champ magnétique, on sent que ces bandes sont vivantes et se déplacent. Elles bougent, un peu comme un souffle qui se contracte et se rétracte. Il existe des corpuscules de lumière très intenses qui jaillissent du fonds cosmique et se précipitent sur la Terre, un peu comme des météorites, sauf que ces traits de lumière sont composés d’énergie pure.
Le sage Ektazzo sourit, il porte un ample manteau, rouge et blanc et serre ses deux fils près de lui. Zert et Linvel resplendissent de bonheur. Des pensées légères et virevoltantes comme des papillons s’échappent d’eux. Leurs gestes, leurs yeux, sont emplis de pureté et de grâce, comme les enfants savent si bien le faire.
Ektazzo tremble un peu. Il a eu du mal à s’habituer à la radiance de ce lieu, mais le plus grand effort est fait. Il s’assied, ses enfants près de lui. Des êtres de Lumière avenants s’approchent dans un bruissement.
- Les temps sont venus, dit-il. Des temps de réformation, pour l’argent, pour tout. Tout ce qui nuit à votre monde doit disparaître, l’économie monétaire inique, les réacteurs nucléaires vacillants, les moyens de transport préhistoriques, tout cela n’a plus à être.
Le sage reprend. Il explique que pour leur monde, l’usage de la voiture et de la fusée est depuis longtemps dépassé. Les êtres de lumière prennent plaisir à utiliser des moyens de transport sûrs et non polluants.
Le vaisseau fait un demi tour presque complet et alors, apparaît un petit monde clair : la Lune.
- Vous imaginez forcément que vous êtes la seule vie dans l’univers, et cela n’est bien sûr pas le cas.
Ektazzo fait un ample geste de la main, et l’image d’une base lunaire décrépite grisâtre et branlante apparaît.
- Il existait autrefois sur la Lune des bases très endommagées. Les vôtres y ont pris pied, dans les années 1950 surtout, bien que cela ait déjà été tenté avant par des êtres bien peu reluisants. Ce but des premiers voyageurs lunaires était tout simplement de s’emparer d’une énergie antigravitationnelle qui relie vos deux mondes, et les stabilise. Tout ceci visait des intérêts avant tout militaires et miniers. Nous sommes attristés que l’homme dans sa soif de connaissances, de conquêtes, ait à cœur de prendre une choses et de la convoiter, alors qu’il ne sait même pas l’utiliser. La renaissance sur Terre a besoin de l’union de tous pour s’opérer. Il est absurde qu’autant de cités-états s’affrontent entre elles. Dans l’espace, toutes les planètes sont habitées de peuples qui partagent les connaissances, mais aussi les ressources, les richesses. C’est ainsi qu’un monde peut basculer dans l’âge d’or, en donnant ce qu’il a reçu, en offrant le meilleur de lui même. Ensuite, par des lois simples et justes, la vie en est transformée à jamais. Ce que vous nommez pression démographique n’a plus lieu d’exister. Comme la vie des êtres est grandement allongée, le flot de naissances est bien moins abondant. Il s’ensuit une société de prospérité parfaite, où tous les êtres vivent épanouis et heureux. Dans une telle société le système de contrôle de la pensée, de la vie, des activités, basé sur l’argent n’est plus nécessaire. Chacun offre le meilleur de lui même, dans une recherche de perfectionnement continu.
Le sage Ektazzo soupire et reprend.
- Autrefois, j’étais un généticien carriériste, obsédé de la gloire de ma seule personne. À présent, je suis devenu guérisseur, c’est à dire que je puis prendre soin de tous ceux qui le demandent. Leur sourire, leur joie d’être guéris, rejaillit sur moi et cela est bien meilleur.
Le sage Ektazzo se lève et se dirige vers l’une des salles de l’immense navire. On voit des enfants de diverses espèces stellaires affectés d’horribles malformations et de blessures très graves. Ektazzo montre un clone nouveau né, dont le corps très maigre est affreusement atrophié. Seul le crâne se développe normalement, les membres et le torse ont une croissance quasi nulle. Le clone est maintenu sous assistance respiratoire.
- Mon peuple a failli, explique Ektazzo. Nous voulions une forme de vie uniquement basée sur l’intelligence. Cela a conduit mes ancêtres à effectuer des expériences abominables sur le génome. Les généticiens gris ont poursuivi ces expériences. Il s’est ensuivi la naissance de petits « imparfaits ». Évidemment, plutôt que de chercher à soigner ces pauvres êtres, les généticiens s’en débarrassent, en les livrant au vide stellaire. Nous parcourons ainsi l’espace, en sauvant tous ceux que nous pouvons. Je dois réparer les torts de mes frères, explique Ektazzo. Cela prend du temps.
Il s’écarte sans bruit de l’enfant endormi, et rejoint un couloir.
- Les généticiens voulaient un traitement de l’information plus rapide, donc un cerveau plus gros et mieux structuré, à croissance rapide. Il s’ensuit que l’irrigation accrue de l’encéphale prive les autres parties du corps de nutriments et d’oxygène. Nous devons corriger cela au plus vite, autrement, de tels clones meurent d’asphyxie en quelques jours. Certains doivent être ralentis, cryogénisés, pour que l’on aie le temps de mettre au point des solutions viables. Nous les endormons, puis les réveillons une fois que nos corrections d’ADN ont abouti.
Ektazzo passe dans une autre pièce où d’autres enfants sont entourés de câbles et de dispositifs qui les maintiennent en vie. Des êtres de lumière placent des cristaux régénérants au dessus de leurs lits. Des enfants les accompagnent, des enfants lumière. Pour eux, c’est un grand jour, car ils doivent apprendre à soigner. Ils commencent par s’exercer sur des blessures simples, puis ensuite, ils sont amenés à effectuer des opérations de soins internes bien plus poussées, comme la réformation de la cage thoracique et des membres.
Assez accablé par ce qu’il voit, Ektazzo se met à sangloter. Ses enfants le réconfortent au mieux. On voit de jeunes êtres de lumière en cercle, ils sont au nombre de trois. Un soigneur amène un lit avec un clone dans un état épouvantable qui gémit de désespoir. Les jeunes êtres de lumière saisissent ses mains filiformes et il se calme aussitôt. Le troisième essuie ses larmes et pose ses mains sur son front. Le corps famélique du clone devient tout illuminé et commence à grandir. Les enfants, ont des adultes qui les guident juste derrière eux, ils sont très concentrés. Enfin, ils s’écartent. Les adultes prennent un miroir et comparent les deux moitiés du corps de l’infortuné. La partie gauche est un peu moins développée. Les adultes corrigent la situation et reconduisent l’enfant dans une salle de repos.
- Ils ont un peu de mal à faire les deux moitiés identiques au début, explique le sage Ektazzo, très admiratif, d’un ton d’excuse.
- C’est normal, ce sont des enfants, ajoute le petit Zert. Ils viennent juste de commencer. Ils ont déjà réussi à sauver ce nouveau né, ce qui est prodigieux.
Ils sortent de la salle et reviennent dans le couloir. On entend des plaintes, et une porte révèle d’autres clones que des soigneurs apaisent et qui semblent promis à un traitement identique. La plupart souffrent d’épanchements ou d’hypoxie.
- Il faut faire vite pour de tels cas, reprend Ektazzo. Seuls les êtres de Lumière peuvent agir suffisamment vite pour sauver ces petits. Heureusement, nous en avons peu dans cet état. Beaucoup de blessés sont envoyés sur des mondes amis en manque d’enfants et de peuplement. Chacun de ces enfants ou adultes passe une série de tests après sa guérison. Nous vérifions leurs aptitudes et les mondes hôtes donnent leur assentiment. Beaucoup sont ravis d’accueillir de jeunes mécaniciens si habiles. La présence d’autant d’enfants leur évite d’avoir recours au clonage de descendants. Il existe aussi des mondes qui se font une spécialité de soigner les imparfaits à la naissance. Ils les considèrent comme des êtres exceptionnels et les familles sont comblées de les accueillir.
Ektazzo parvient à une autre pièce où des petits groupes d’enfants sont occupés à lire et à jouer. Ils bondissent de joie en l’apercevant, et il s’interrompt.
- Ma présence est requise, dit-il d’un ton ému en prenant un livre. Les êtres de Lumière ont fait de moi un conteur à présent. Cela est aussi nécessaire à la guérison de ces enfants, car entendre des histoires fameuses est un bienfait absolu pour des êtres aussi jeunes. Je vous salue bien et vous remercie de votre écoute, amis de la Terre bleue.
Ektazzo s’assied, des enfants d’allure très variée, humanoïdes et aliens l’entourent. La plupart portent des bandages, mais leurs yeux luisent d’espoir et de joie. Ektazzo et tous les enfants présents dans la pièce font de grands signes de la main en riant de bonheur. Cette scène si émouvante s’éloigne lentement. Il reste toute la joie intense de cette belle communion, je ne puis transcrire tout ceci qu’au moyen d’humbles phrases.
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Texte partagé par les Chroniques d'Arcturius - Au service de la Nouvelle Terre