Le Zodiaque (du grec zôon, signifiant « vie », et« diakos », signifiant« roue ») se compose de douze signes de 30° chacun. Il se déroule le long d’une bande circulaire ceinturant le système solaire, s’étendant de 8° de part et d’autre de l’écliptique (le plan de rotation de la Terre autour du Soleil). Au cours du cycle annuel, le Soleil traverse successivement les douze secteurs. Cependant, une querelle, relativement récente, s’est produite à propos du mode de détermination des signes. Elle oppose les tenants d’un Zodiaque tropical à ceux défendant un Zodiaque sidéral. Pour examiner cette question, qui fournit l’occasion de présenter un certain nombre de données traditionnelles, commençons par définir ces deux Zodiaques.

I LE ZODIAQUE SIDÉRAL

Au cours de leur parcours annuel, le Soleil, la Lune et les planètes traversent les différentes constellations. Lorsqu’ils transitent dans un secteur défini par une constellation, ils appartiennent au signe de cette constellation. Il a été reproché, de manière fort injuste, au Zodiaque sidéral d’être« anti-scientifique » dans le sens où son découpage en sections de 30° ne cadrerait pas avec la taille réelle des constellations. Pour prendre un exemple, la constellation de la Vierge y occupe environ 40°, tandis que celle du Scorpion a une envergure de seulement approximativement 7°. Il serait en conséquence absurde de reconnaître que, par exemple, le Soleil transite environ 30 jours dans le signe du Scorpion, soit autant que dans le signe de la Vierge dont la constellation est pourtant cinq à six fois plus large. Toutefois, cet argument, d’ordre purement quantitatif, ne s’accorde guère avec la Tradition. Reprenons les fondements du Zodiaque, qu’il soit tropical ou sidéral. Les directions de l’espace ont une nature qualitative. Elles correspondent à certaines propriétés. Les signes du Zodiaque ne font qu’exprimer la nature de ces directions. Le Bélier signale par exemple l’apparition, la mise en lumière, le Taureau l’attachement, etc. Les astres n’ont par eux-mêmes aucune influence sur les destinées humaines, dont ils ne font que figurer le cours (voir à ce propos la loi d’analogie). Estimer que la traversée« stricte » d’un groupement d’étoiles par une planète amène cette dernière à« s’imprégner »de« rayonnements » émis par ce groupement est contestable et procède d’arguments pseudo-scientifiques.. Dès lors, pourquoi rechercher des mesures de dimensions des constellations pour établir les zones« d’influence » ?Le découpage en douze signes égaux correspond à l’application du duodénaire à la sphère, le douze constituant un nombre symbolique important relativement à la manifestation(1). Chaque constellation du Zodiaque n’est là que pour donner une indication sur les propriétés du secteur de 30° où elle se situe, peu important sa taille réelle. La transposition de l’argument cité contre le Zodiaque sidéral aboutirait à un genre d’affirmation comme les feux de circulation sur une route n’ont un effet que sur la largeur de leur poteau… Ces feux ne font qu’indiquer une autorisation ou une interdiction de passer sur une frontière les débordant largement. Il en va de même des constellations relativement au Zodiaque sidéral. A ce sujet, on ne saurait trop insister sur le fait que c’est le terme de signequi se trouve employé pour désigner les secteurs zodiacaux, ce qui paraît révélateur.
Il a été également reproché au Zodiaque sidéral de ne comporter que douze signes, alors que treize constellations y figurent apparemment. Une partie de la constellation du Serpentaire (Ophiuchus, le porteur de serpent), située entre le Scorpion et le Sagittaire, est en effet traversée par l’écliptique. Antérieurement, il y a deux ou trois millénaires, l’écliptique ne traversait pas cette constellation. L’orientation de l’écliptique varie lentement au cours du temps, ceci expliquant cela. Est-ce à dire que le Zodiaque sidéral de douze signes soit devenu obsolète ? Nous ne le pensons pas. En premier lieu, rappelons que le fondement du Zodiaque demeure la division duodénaire de l’écliptique, le nombre douze symbolisant traditionnellement la réaction du yin à l’activité du yang, donc la production de la manifestation, domaine concernant l’Astrologie. Les constellations ne servant qu’à désigner les propriétés de chacun des douze secteurs de 30°, peu importe qu’un de ceux-ci soit occupé à la fois par le Scorpion et le Serpentaire. Ceux-ci peuvent bien indiquer conjointement les valeurs dévolues au secteur dont ils forment l’emblème. Un point important est à préciser à cet égard. Actuellement, depuis les années trente, les constellations du Serpent et du Serpentaire sont distinguées par les astronomes. Le Serpent y est scindé en trois parties, la tête et la queue formant deux constellations tandis que la partie centrale est rattachée au Serpentaire. Il va sans dire que ce genre de division ne présente pas d’intérêt relativement à la Tradition, puisqu’émanant de personnes ne la connaissant pas. Chez les Grecs, les Hébreux et les Arabes, Serpent et Serpentaire n’étaient pas divisés, formant l’une des plus importantes constellations de la voûte céleste. Pour conclure sur la présence double de constellations dans le secteur du Scorpion, soulignons les analogies de sens existant entre ces deux constellations, le Scorpion étant un signe fortement marqué par le symbolisme du serpent (du moins un des aspects de celui-ci, le serpent étant un symbole fort complexe). Ainsi peut se régler le problème du Serpentaire, treizième constellation de l’écliptique et non treizième signe zodiacal.
Des problèmes similaires pourraient se poser s’agissant du chevauchement des constellations du Verseau et des Poissons, d’une part, et de celles du Capricorne et du Verseau de l’autre. Ces problèmes s’évanouissent si l’on raisonne selon les principes que nous venons d’indiquer. Rappelons à cet égard que les moyens intellectuels de la Tradition n’ont absolument rien à voir avec l’approche scientifique contemporaine, ce qui ne leur enlève nullement leur valeur, nonobstant la volonté monopolistique de cette dernière. L’Astrologie traditionnelle obéissant strictement aux lois du symbolisme, elle ne saurait constituer une science moderne, ce que soulignent avec raison tant les scientifiques modernes que ceux qui connaissent la Tradition.
Une autre difficulté concernant le Zodiaque sidéral réside dans la détermination de son point de départ. Nous laissons ce point aux représentants traditionnels employant ce Zodiaque.

LE ZODIAQUE TROPICAL

Le Zodiaque tropical quant à lui repose sur d’autres fondements. Il se bâtit à partir du cycle annuel avec ses quatre points cardinaux : les deux solstices et les deux équinoxes. Au Bélier correspond l’équinoxe de printemps. A partir du 0° Bélier (nommé point vernal, point équinoxial de printemps), la bande zodiacale est découpée en douze secteurs égaux de 30°. Chaque zone est définie par un signe dont le nom reprend celui d’une des constellations du Zodiaque sidéral. La même séquence des signes est conservée d’un Zodiaque à l’autre, par application de la loi d’analogie. Néanmoins, les Zodiaques sidéral et tropical ne coïncident pas. En effet, l’axe des pôles de la Terre est animé d’un mouvement très lent analogue de celui d’une toupie. Ce mouvement, dit de précession, fait que l’axe de rotation de la Terre n’occupe pas toujours la même place par rapport aux étoiles(2). Ceci a pour conséquence un décalage progressif entre le Zodiaque tropical et le Zodiaque sidéral. Le 0° Bélier (point vernal) du tropical semble rétrograder très lentement dans le Zodiaque sidéral. Actuellement, le Zodiaque tropical est en avance d’environ 24 degrés sur le sidéral. L’ayanamsaest le nom apporté au correctif permettant de passer du tropical au sidéral et inversement (à soustraire dans le premier cas, à ajouter dans le second). Ces divergences dans la formation du Zodiaque sont à l’origine des querelles que nous mentionnions en introduction. L’un des deux Zodiaques invalide-t-il l’autre ? Puisque le Zodiaque sidéral ne pose pas de problème réellement fondamental, nous allons nous intéresser ici plus longuement au Zodiaque tropical aux fins d’en montrer les intérêts symboliques et la validité dans l’interprétation, à condition de l’utiliser correctement.

Le Zodiaque tropical peut être considéré comme saisonnier, avec la réserve qu’il ne faut pas y voir un aspect météorologique précis, lequel dépend du lieu de situation.« Saison »doit être entendu ici comme l’une des quatre phases divisant le cycle annuel, chacune de ces dernières ayant des propriétés particulières que nous allons étudier ici. Les quatre saisons sont ouvertes par les quatre points cardinaux de l’année : les deux équinoxes et les deux solstices. Les équinoxes sont les moments où la durée des jours et des nuits est égale, les solstices constituant les points extrêmes où la durée du jour ou de la nuit est la plus longue. Au cours de l’année, la Terre connaît deux grandes phases : une d’ascension, l’autre de descente. Du solstice d’hiver au solstice d’été, la durée du jour croît. Du solstice d’été au solstice d’hiver, elle décroît. L’équinoxe de printemps marque le terme médian de l’ascension, l’équinoxe d’automne celui de la descente.

Le début et la fin du cycle coïncident avec le solstice d’hiver, point où la lumière est au plus bas et où un cycle nouveau s’amorce. Le milieu de cycle correspond au solstice d’été, point où la lumière est à son maxima et se prépare à décroître. Le milieu de l’ascension est signalé par l’équinoxe de printemps, le milieu de la descente par l’équinoxe d’automne (3).

Attardons-nous quelque peu sur ces quatre points. Les deux points équinoxiaux se retrouvent aux deux jonctions entre le plan de l’écliptique (plan de gravitation de la Terre autour du Soleil) et l’équateur céleste (qui est un prolongement dans l’espace de l’équateur terrestre). Lorsque le Soleil s’aligne sur un de ces deux points un équinoxe se produit. Les points solsticiaux sont ceux où le Soleil atteint sa position la plus septentrionale ou méridionale au cours de l’année. A ces points, la durée du jour est maximale (au point solsticial d’été) ou minimale (au point solsticial d’hiver). En joignant les deux points équinoxiaux et les deux points solsticiaux, nous formons une croix à deux dimensions, horizontale par rapport au plan équatorial de la Terre. La croix a une portée symbolique fondamentale. La croix à deux dimensions horizontale représente le développement dans un domaine défini des diverses possibilités de manifestation(4). Ceci est en adéquation avec l’objet cosmologique de l’Astrologie, exposant les principes à l’œuvre dans notre monde.
Si nous plaçons ces quatre moments cardinaux de l’année en correspondance avec les signes tropicaux qui s’y tiennent (5), nous trouvons :

  1. Le solstice d’hiver > le Capricorne
  2. L’équinoxe de printemps > le Bélier
  3. Le solstice d’été > le Cancer
  4. L’équinoxe d’automne > la Balance
Ces quatre signes sont nommés signes cardinaux, en correspondance avec les quatre points cardinaux (sud, est, nord, ouest). En vertu de la loi d’analogie, l’espace et le temps se situent en correspondance, tout étant lié par un Principe unique (6). Nous commençons à voir se profiler ici les rapports entre les signes zodiacaux, directions qualifiées de l’espace, et le temps, marqué par le déplacement des astres dans le Zodiaque. Le terme« cardinal »provient du latin cardosignifiant gond, pivot. Ceci se situe en adéquation avec le rôle de« portes » dévolu au Capricorne, au Bélier, au Cancer et à la Balance. Chacun de ces signes inaugure en effet une nouvelle phase du processus cyclique, envisagé sous son aspect quaternaire.
Il est remarquable de noter que le Capricorne constitue le symbole de contraction maximale, qu’il s’agit du signe de la fin. Ceci correspond analogiquement au point le plus bas atteint lors du cycle annuel, signal également d’une remontée. Le Bélier représente quant à lui la poussée vitale, la naissance, l’apparition au jour. Il est le signe de l’aube. S’agissant du Cancer, il symbolise la réceptivité, la malléabilité, l’accueil. Le solstice d’été, période des récoltes, de l’accueil rituel de la lumière poussée à son maxima y correspond. Enfin, la Balance figure le déclin, le rééquilibrage venant avant la nuit. Il s’agit du signe du couchant. Ceci correspond aux valeurs de l’équinoxe d’automne, dernier point d’équilibrage avant la phase ultime de descente annuelle.
Un des principaux reproches faits à une telle approche du Zodiaque est de se fonder apparemment uniquement sur l’hémisphère nord, le mouvement de l’année étant inversé dans l’hémisphère sud : le moment où la durée du jour est à son summum dans l’hémisphère nord est celui où elle est à son plus bas dans l’hémisphère sud. La cohérence du Zodiaque tropical suppose ainsi que l’on inverse le Zodiaque dans l’hémisphère sud. Ainsi, pendant que le signe du Bélier est traversé par le Soleil après l’équinoxe de printemps dans l’hémisphère nord, le sud est le siège du signe de la Balance. Pour mieux comprendre ceci, il nous faut examiner le symbolisme de la Terre.

III LE SYMBOLISME DE LA TERRE

La Terre se présente sous la forme d’une quasi-sphère(7).L’équateur terrestre la partage en deux hémisphères. Tout ce qui se manifeste étant un symbole des réalités supérieures, nous pouvons décrypter la manière dont se présente à nous la Terre à l’aide des principes. Entre hémisphère sud et hémisphère nord, il existe une inversion, comme un reflet dans un miroir par rapport à sa source. L’inversion des saisons en constitue un exemple (8). Ce symbole du reflet constitue un des fondements de la compréhension du cosmos, de l’ordre du monde. Le plan de réflexion se retrouve dans l’équateur.

 

Les deux hémisphères constituent la polarisation d’une unité, celle de la Terre. Toute polarisation forme un couple indissoluble, dont les deux côtés sont yang et yin respectivement, masculin et féminin, essentiel et substantiel. Le yang est le lumineux, le yin l’obscur. Ceci peut être rapporté dans le cas qui nous intéresse à la durée du jour. Le yin et le yang sont en mouvement permanent. Le yang croît et le yin décroît. Le yang décroît et le yin croît. Ainsi, durant l’année, la croissance du jour dans un hémisphère est concomitante de sa décroissance dans l’autre. Englobés dans la même sphère (à rapprocher de la Terre), yin et yang sont interdépendants et en rééquilibrage constant l’un par rapport à l’autre (9). Ce mouvement du yin-yang est cyclique, comme l’année. Lorsque le yang a atteint sa culmination, il ne peut que décroître en faveur du yin. Au solstice d’été, la lumière atteint son maxima et commence à diminuer jusqu’à ce que le yin trouve sa pleine ampleur. A ce moment, le mouvement s’inverse et le yin diminue tandis que le yang monte.

Les deux hémisphères terrestres se comportent de manière opposée lors du cycle annuel. Ainsi, il apparaît cohérent que le Zodiaque tropical, fondé sur ce cycle, soit inversé dans les deux hémisphères. Lorsque le solstice d’été (signe du Cancer) se produit dans l’hémisphère nord, le solstice d’hiver a lieu dans l’hémisphère sud où le Soleil entre dans le signe du Capricorne, signe opposé à celui du Cancer. Il y a plus.

Les signes du Zodiaque s’opposent deux à deux selon six axes (Bélier – Balance, Taureau – Scorpion, Gémeaux –Sagittaire, Cancer – Capricorne, Lion – Verseau et Vierge – Poissons). En tenant compte de la différence entre les deux hémisphères, nous nous rendons compte qu’à un moment donné de l’année, chaque axe, chaque direction de l’espace, se manifeste complètement en se polarisant dans les deux hémisphères. Ainsi, lorsque le Taureau est traversé par le Soleil dans l’hémisphère nord, le Scorpion est transité par cet astre dans l’hémisphère sud. L’axe Taureau – Scorpion est manifesté pleinement à ce moment de l’année si l’on envisage la Terre globalement. Ceci est à rapprocher de la figure du yin-yang, où un principe unique (le cercle) se polarise en deux faces opposées (blanc/noir). L’équilibre global est maintenu par la différence entre les deux hémisphères. Notons qu’à un moment de l’année, le degré zodiacal(10)occupé par le Soleil (ou toute planète) ne change pas selon l’hémisphère. Le degré représentant l’essentiel d’une position planétaire, il apparaît logique que son unité ne soit pas perturbée par la différence des deux zones, qui permettent simplement de le manifester de deux manières complémentaires (le signe est yin relativement au degré yang). Il nous reste à préciser le symbolisme du yin-yang appliqué à la sphère terrestre en l’appliquant aux deux mouvements animant le cycle annuel.

 

IV LES DEUX MOUVEMENTS DE L’ANNÉE

Nous avons mentionné le fait que l’année se divisait principalement en deux phases, l’une croissante, l’autre décroissante. Dans l’hémisphère nord, la lumière augmente lorsque la marche du Soleil s’effectue vers le pôle nord, jusqu’au tropique du Cancer. Dans l’hémisphère sud, la lumière augmente lorsque la marche du Soleil se réalise vers le pôle sud, jusqu’au tropique du Capricorne(11). Le schéma suivant donne une idée des phénomènes à l’œuvre.

Ainsi, nous constatons que la durée du jour augmente dans un hémisphère lorsque le Soleil semble se diriger vers le pôle de cet hémisphère, s’éloignant donc du pôle de l’autre. Autrement dit, la lumière croît lorsque le centre (le Soleil) tend à réintégrer le pôle. Or, le Pôle symbolise l’activité non-agissante du Ciel, transcendante. Il trouve son agent immédiat dans le Centre, formé par la projection selon un axe vertical (l’Axe du monde (13)) du Pôle sur le plan fournissant une base pour manifester les diverses possibilités que le Centre comprend. Dès lors, la croissance de la lumière correspondant à un mouvement vers le pôle, peut être prise comme symbolisant la réalisation spirituelle, Connaissance et Lumière se correspondant. Il s’agit du mouvement ascendant de l’année. René Guénon souligne que, dans la Tradition hindoue,« la phase« ascendante » est mise en rapport avec le dêva-yâna, et la phase « descendante » avec le pitri-yâna».Le premier est la « voie des dieux », le second« la voie des hommes »(14). Le fait que le Soleil, au cours de sa marche annuelle, ne rejoigne pas effectivement le pôle signale que la connaissance obtenue relativement au monde ne peut constituer une réalisation complète.

V RAPPORTS DU ZODIAQUE TROPICAL ET DU ZODIAQUE SIDERAL

Si les deux Zodiaques, tropical et sidéral, peuvent être retenus, une question se pose. Cette interrogation est fréquemment soulevée par les détracteurs de l’astrologie, notamment venant du milieu scientifique. Vu le décalage entre les deux Zodiaques, comment admettre qu’une personne puisse par exemple avoir un Soleil en Taureau en Zodiaque tropical et en même temps un Soleil en Bélier en Zodiaque sidéral ? L’interprétation n’est-elle pas faussée, artificielle ? Pour répondre à cet argument, rappelons que les Astrologies relevant des diverses Traditions comportent des techniques très différentes. Il suffit de comparer les Astrologies hindoue, chinoise et arabe pour s’en rendre compte. Est-ce à dire que la pertinence de l’une exclut celle des autres ? Non. Chaque Tradition possède ses propres modes d’expression de la Vérité. Si le fond est un, les expressions en sont multiples, adaptée à la diversité des êtres, des lieux et des époques. L’Astrologie ne constituant qu’un des éléments de certaines Traditions et restant subordonnée à celles-ci, il est normal de retrouver cette diversité dans les approches de cette Science sacrée. Nous voyons mal pourquoi il ne serait pas possible de décrire un même être à partir de techniques différentes. Même dans le langage courant, une même idée peut être véhiculée par des phrases différentes et dans des langues diverses.

Les scientifiques modernes invoquent le fait qu’il n’existe pas, par exemple, une physique des particules chinoise, une autre française, une autre américaine, etc. pour soutenir l’idée selon laquelle leur science est la seule exacte puisque dotée d’unité, les sciences traditionnelles n’étant qu’un tissu de contradictions(15). Cependant, ces sciences sacrées répondent en fait à des points de vue différents, tous compatibles et tous concourant à l’expression de la Vérité totale. Leur compatibilité découle de leur référence aux principes. La science moderne est dénuée d’unité, contrairement à ce qu’elle affirme. Ce qui est nommé unité par les arguments scientistes est en réalité une uniformisation. L’uniformisation, dont on voit une des manifestations dans la standardisation, se limite au domaine quantitatif, au domaine des apparences, où s’opère un nivellement par le bas. Coupée de toute transcendance, la seule à même de conférer une unité au monde manifesté,« l’unité »de la science moderne se réalise autour d’une« unité » de méthode, nommée« méthode scientifique ». Or, une méthode n’est qu’un moyen exploratoire et ne constitue nullement une origine de la constitution de la réalité. Les Sciences traditionnelles procèdent au contraire de celle-ci. Elles, ainsi que les diverses Traditions, tirent leur fond de principes universels communs. Leur diversité est à l’image des vêtements qu’un être revêt : ce dernier peut en changer, sans perdre pour autant son identité. Il y a ici unité au sens véritable du terme. Nous invitons le lecteur à se reporter à l’ouvrage de René Guénon, Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps, pour un exposé et approfondissement de ces données (16).
S’agissant de la critique fondée sur l’inintelligibilité d’un positionnement simultané du Soleil en Taureau en Zodiaque tropical et en Bélier en Zodiaque sidéral, soulignons que ce procédé relève de la méthode analytique, où l’on découpe artificiellement et irréductiblement les éléments d’un objet en perdant de vue le principe commun dont ils procèdent. L’interprétation d’un thème ne se limite aucunement dans l’examen d’une planète dans un signe, mais s’effectue par l’étude des interrelations entre tous les facteurs présents. Il existe plusieurs chemins pour gravir une montagne. Par analogie, il existe plusieurs voies pour interpréter un état du monde en un moment et un lieu donnés. Ainsi, l’important est la conformité aux principes des techniques et la cohérence de l’ensemble dans lequel on entend les ranger (17). Ainsi, nous pouvons obtenir des descriptions ne s’excluant nullement l’une l’autre, mais reflétant un point de vue donné.
Un dernier point que nous souhaiterions aborder concernant les rapports entre le Zodiaque tropical et le Zodiaque sidéral est celui des prétendues ères zodiacales. Chacun s’étant un peu intéressé à l’astrologie a dû entendre les termes« d’ère des Poissons » et« d’ère du Verseau ». Cette dernière est décrite comme étant l’ère du progrès, d’un mieux, d’un rétablissement de la situation, ce qui est bien une caractéristique de la mentalité moderne lorsqu’elle entend se projeter dans le temps. Cette question nous intéresse ici car la détermination de ces ères se réalise par comparaison entre les deux Zodiaques. Nous avons vu que le point vernal, point de l’équinoxe de printemps, se déplaçait lentement le long de l’écliptique. Ce point marque le 0° du Bélier dans le Zodiaque tropical. Selon l’alignement de point avec les signes du Zodiaque sidéral, les différentes ères seraient marquées. Ainsi, le point vernal se situe actuellement dans le signe des Poissons : nous serions dans l’ère des Poissons. Prochainement, il arrivera dans le signe du Verseau, signalant l’arrivée de l’ère du Verseau. Le problème de cette conception est qu’elle repose sur un Zodiaque tropical uniforme pour toute la planète. Or, nous avons vu que les signes tropicaux, pour conserver la cohérence du point de vue, devaient être inversés entre l’hémisphère sud et l’hémisphère nord. Ainsi, il paraît difficile de savoir quel point devrait être retenu pour déterminer les passages des différentes ères. De plus, rappelons que le cycle est constitué primordialement d’une phase ascendante, amorcée au Capricorne, et d’une phase descendante, débutant au Cancer. En conséquence, il paraît difficile de voir pourquoi le point vernal (signe du Bélier) se verrait accorder un rôle de marqueur des ères, fonction qui devrait alors plutôt être dévolue au Capricorne…

 

CONCLUSION

Les deux Zodiaques, sidéral et tropical, nous paraissent valides, se rapportent à des ordres de description différents, le premier apparaissant comme solaire, le second comme lunaire (18). Comme un objet peut être envisagé sous des perspectives différentes, chaque Zodiaque apporte son éclairage particulier sur un être. L’astrologie n’est que relative, le monde de la manifestation auquel elle s’intéresse n’étant pas l’absolu. Ceci explique la diversité des astrologies traditionnelles. Les multiples points de vue se complètent les uns les autres pour concourir à l’expression de la réalité. L’important est la cohérence de la démarche et sa conformité aux principes. Aussi, plutôt que de s’épuiser en vaines querelles, que chacun approfondisse sa connaissance, plutôt que d’aller porter le feu chez le voisin. Les incendies peuvent revenir chez leurs initiateurs, quels qu’ils soient… Le but de cet article est de concilier les différents points de vue, l’exclusivisme nous paraissant une fâcheuse tendance. Vu les conditions cycliques actuelles, nous ne nous faisons guère d’illusion sur la réussite de ce dessein…

 

BIBLIOGRAPHIE POUR COMPLETER CET ARTICLE

René Guénon, Symboles de la Science sacrée, éd. Gallimard, coll. NRF, chapitre XIII, Le Zodiaque et les points cardinaux, page 99 et s.

Ibid. chapitre XXXV,Les Portes solsticiales, pages 217 et s.

Ibid., chapitre XXXVI, Le symbolisme du Zodiaque chez les pythagoriciens, pages 222 et s.

Ibid., chapitre XXXVII, Le symbolisme solsticial de Janus, pages 228 et s.

Ibid., chapitre XXXVIII, A propos des deux saints Jean, pages 232 et s.

Site internet :http://users.skynet.be/lotus/accueil.htm

Marie Delclos, Le point sur le Zodiaque :http://fas.ifrance.com/articles/zod_sid/zodap6.htm

(1) Douze égale 2 fois 6. Six est le nombre représentant la réaction de la Terre à l’activité non-agissante du Ciel sur elle, réaction produisant la multiplicité de la manifestation (d’où le signe de l’opération). Le nombre deux symbolise la polarisation entre masculin (yang) et féminin (yin), à mettre en correspondance en l’espèce avec les deux branches du Zodiaque, composées chacune de six signes. Cette combinaison du 2 et du 6 décrit la formation de la manifestation. Voir à ce sujet : René Guénon, La Grande Triade, éd. Gallimard, coll. NRF,pages 78 et 79. 
(2) Ainsi, l’étoile polaire actuelle est alpha de la Petite Ourse, mais, il y a encore 5000 ans, l’étoile indiquant le pôle nord céleste était Thuban, astre de la constellation du Dragon. Les changements d’étoile polaire sont très importants traditionnellement, le pôle jouant un rôle de« législateur », soit principal, soit subordonné, relativement à une ère donnée. (3) La trajectoire elliptique de la Terre fait l’hiver plus court que l’été sous nos latitudes. Entre Cancer et Balance, il y a plus de jours qu’entre Capricorne et Bélier. 

(4) Voir : René Guénon, Le Symbolisme de la Croix, éd. Guy Trédaniel.

(5)Sur la détermination de la répartition de ces signes dans le Zodiaque, voir : G. Audebrand et I. Ravier, Les deux branches du Zodiaque.

(6)Sur les correspondances entre espace et temps, voir : René Guénon, Le Symbolisme de la Croix, Guy Trédaniel Editeur, chapitre IV. 

(7)Son caractère non totalement sphérique provient de l’état d’imperfection relative de la manifestation, se retrouvant encore par exemple dans les trajectoires elliptiques des astres et non purement circulaires. La Terre est plus étirée du côté de l’équateur.

(8) Nous pouvons en retrouver un autre, bien connu, dans le fait que l’eau s’engouffrant dans un siphon le fait dans des sens inverses l’un de l’autre selon qu’elle se situe dans l’hémisphère nord ou dans l’hémisphère sud. 

(9)A l’équateur, la durée des jours et des nuits est constante et égale. L’équateur (plan de réflexion) représente le point intangible d’équilibre entre yin et yang. 

(10)Voir : G. Audebrand et I. Ravier, Astrologie traditionnelle, Principes de l’Astrologie, L’interprétation du thème, pages 69 et suivantes. 

(11)Le terme« tropique » est tiré de cette considération. Lorsque le Soleil arrive à son point le plus proche de l’un des deux pôles, il amorce un « tournant » (tropikosen grec) en se redirigeant vers l’autre.

(12)L’été et l’hiver sont causés par l’inclinaison de la Terre par rapport à l’écliptique (23,5° environ). Ceci fait qu’en hiver l’hémisphère reçoit moins de lumière en surface et moins longtemps, d’où le froid relatif.

(13) Cet axe représente l’activité du Principe sur le monde. 

(14)Voir : René Guénon, Symboles de la Science sacrée, éd. Gallimard, coll. NRF, chapitre XXXV, Les Portes solsticiales, pages 217 et s.

(15)La mentalité moderne applique le même ordre d’arguments contre les Traditions elles-mêmes.

(16)Voir notamment le chapitre VII, traitant de l’uniformité contre l’unité.

(17)Les méthodes de domification, par exemple, varient d’une astrologie à l’autre, tout comme les valeurs des signes, des maisons, des planètes.

(18)Le Zodiaque sidéral apparaît comme solaire car il se réfère à un point relativement fixe (les constellations), tandis que le Zodiaque tropical est marqué par la Lune, symbole du changement, de la variabilité et principe des saisons. Nous prenons ici le Soleil et la Lune comme symboles respectifs du yang et du yin, le premier étant générateur, le second reflétant cette génération

[Source] http://www.rosamystica.fr/


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