La pollution atmosphérique modifierait le placenta au niveau de l’expression de ses gènes, entraînant potentiellement des complications pour la mère et l’enfant d’après une nouvelle étude française.
L’exposition à la pollution atmosphérique pendant la grossesse peut entrainer des modifications épigénétiques du placenta potentiellement risquées pour la mère et le fœtus. C’est ce qu’explique une nouvelle étude française publiée dans la revue Environment International. Des scientifiques du CNRS et de l’Inserm ont en effet analysé le placenta de 668 mères et ont constaté que l’exposition à la pollution modifiait l’expression d’un gène bien précis.
Différentes études avaient déjà soulevé l’association entre l’exposition à la pollution chez les femmes enceintes et les risques de faible poids à la naissance, de naissance prématurée, de troubles neuro-développementaux ou encore de pré-éclampsie, qui peut avoir de graves conséquences. Comme l’explique l’Inserm, la pré-éclampsie est une maladie potentiellement fatale pour la mère et le fœtus, due à un dysfonctionnement du placenta qui relâche des débris et des cellules fœtales dans le sang de la mère. Cela provoque chez elle une hypertension et la présence de protéine dans les urines. Les auteurs de ces nouveaux travaux ont donc émis l’hypothèse que les effets nocifs de la pollution atmosphérique sur le fœtus et la mère passeraient par une altération du placenta.
Un gène placentaire altéré par la pollution
Examinant les placentas de 668 mères recrutées entre 2003 et 2006 dans les CHU de Nancy et Poitiers, les chercheurs ont croisé les données d’exposition des mères à la pollution en fonction de leur lieu de résidence pendant la grossesse et l’analyse des gènes exprimés dans leurs placentas. Les gènes contenus dans chaque cellule peuvent en effet être convertis en protéines s’ils sont exprimés, ou rester réprimés ou « silencieux ». Certains processus, que l’on dit épigénétiques, permettent à un gène de passer d’un statut à un autre selon les besoins de la cellule. Des petites molécules peuvent ainsi être fixées près du gène pour signaler à la machinerie cellulaire qu’il doit ou ne doit plus être pris en compte. C’est ce qui est arrivé au gène ADORA2B, dont l’expression a été modifiée à mesure que les femmes enceintes étaient exposées au monoxyde d’azote, gaz toxique caractéristique de nos agglomérations polluées. « Des défauts dans l’expression de ce gène ont été associés dans d’autres études à la pré-éclampsie, une maladie de la grossesse fréquente et grave si elle n’est pas prise en charge » explique Johanna Lepeule, chercheuse Inserm, dans un communiqué.
L’exposition à la pollution française pourrait être néfaste pendant la grossesse
Les niveaux d’exposition moyens dans la population étudiée étaient pourtant inférieurs à la limite annuelle fixée par la directive de l’Union européenne sur la qualité de l’air (40 milligrammes par mètre cube pour le dioxyde d’azote). Les résultats de cette étude confirment ainsi une partie de l’hypothèse selon laquelle les expositions prénatales aux polluants de l’air, à des niveaux communément retrouvés en Europe et en France, pourraient avoir des effets néfastes sur la santé de la femme enceinte et de l’enfant à naître, commentent l’Inserm et le CNRS dans un communiqué.
[Source] https://www.sciencesetavenir.fr/
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Texte partagé par les Chroniques d'Arcturius - Au service de la Nouvelle Terre